Dans l'aventure salée la plus totale


    Ces 3 dernières semaines ont été chargées en rencontres, expérience exceptionnelle dans les salars, le Sud Lipez et pédalage très éprouvant qui nous donne l'impression que c'est plutôt 2 mois qui viennent de se dérouler. Il y a beaucoup de chose à dire et c'est pour cette raison que nous allons scinder cette période en deux parties. 

Faire le blog est une pression constante..... (jeu de mot bidon)


Devant l'église San Francisco

   Comme le pensait Audrey dans notre dernier message, nous avons passé un excellent séjour à La Paz. En grande partie grâce à Linda et Raul, nos hôtes de Warmshowers. Dans un premier temps, nous sommes restés dans un café à boire des jus frais et des bières tout en profitant de la wifi afin d'écrire et de publier le dernier article. Cependant, on ne peut pas dire que le débit soit performant en Bolivie. Et cela se vérifiera par la suite! Mais, même si nous prenons du plaisir à essayer de faire partager notre aventure, cela n'est pas pour autant une priorité et nous mettons cela de côté afin de profiter du temps libre que nous avons. Nous prenons nos repères chez Linda et Raul et parlons beaucoup avec eux lors des petits déjeuners. Pour nous, aussi, il n'y a pas de meilleurs moyen de connaitre une ville que de prendre les moyens de transports. Et ici, ce sont les "truffis" qui sont les plus commodes afin de rejoindre le centre de La Paz. Les "truffis" sont en fait des taxis qui effectuent toujours le même parcours, et sont différenciés par de petits drapeaux de différentes couleurs . Linda nous expliquera quelles couleurs corresponds à quels trajets. Nous passerons des moments très agréables à parler, avec elle, de sa vie, de politique et des changements survenus avec l'arrivée d'Evo Moralès, mais aussi des mesures impopulaires, inefficaces à ses yeux et des parfois scandaleuses de ce dernier. Linda est une femme merveilleuse. Pas parce qu'elle prendra soin de nous, mais de part sa personnalité et de son engagement dans l'association qu'elle a créé, il y a dix ans maintenant. Elle et quelques autres personnes aident des jeunes à finir leurs études qu'ils ont parfois du mal à poursuivre dû à des problèmes familiaux et sociaux. Ils les aident financièrement et ainsi leur donne une chance de trouver un bon travail. Cela à l'air d'être un boulot de titan et on est très admiratif de ce qu'elle fait.

  De La Paz, nous visiterons la fameuse rue Sagarnaga et ses environs avec le marché aux sorcières où nous retrouvons les foetus de lamas. Ce quartier étant très touristique, nous avons préféré déambuler dans le vieux quartier colonial et la rue Jaén avec la petite famille Faure et visiter quelques musées très intéressants dont le musée du littoral. Depuis la défaite de la Bolivie (et du Pérou) face au Chili lors de la guerre de Pacifique (de 1879 à 1883), la Bolivie à perdu son littoral pour sa plus grande peine. Nous passons un moment plus que plaisant avec les Faure mais devons leur dire au revoir car eux, repartent le lendemain vers une autre aventure : l'Amazonie. Quant à nous, nous avons continué à marcher dans les rues de la capital économique, passant par le Prado (artère principale), la place Murillo et le palais présidentiel tout en admirant les vues impressionnantes, que nous offrent la perspective des rues, sur les flancs de la vallée qui entoure la ville. Durant notre quatrième et dernier jour, nous avons préparé notre départ et fait quelques prévisions pour les jours suivants tout en me penchant sur le guide et la carte de l'Argentine. Pays qui approche à grand pas. Nous prévoyons de retrouver Adrien que nous avions quitté à Cusco afin de vivre ensemble une grande aventure : la traversée du Salar d'Uyuni. Mais rien n'est défini et vous verrez plus tard que les prévisions que l'on peut faire peuvent varier un poil... Nous fêtons notre départ de chez Linda et Raul en leur cuisinant un petit quelque chose: une tarte aux pommes avec un petit vélo dessiné dessus. On s'amuse comme on peut... et le bricolage nous manque quelque fois.

Les Faure5
Raul et Linda et notre tarte
    Le lendemain, le vendredi 19 octobre, Raul nous enlève une épine du pied en chargeant les vélos à l'arrière du pick-up afin de nous ramener sur les hauteurs de l'Altiplano. Chez eux, nous étions descendu à 3300m et l'ascension jusqu'au 4100m nous aurait pris toute la matinée d'après Raul. Lui aussi part faire du vélo ce matin. Du haut de ses 65 ans, il fait en moyenne 3 sorties par semaine et roule régulièrement durant le week-end. Il nous fait passer par la vallée de la Lune où nous traversons de magnifiques paysages avant de nous laisser à 200 m de dénivelé avant El Alto. La reprise sera dure. Direct, nous attaquons une pente à 10% et avalons, en soufflant sous un beau soleil, les 2km qui nous amènent au grand plateau des Andes. Là, nous retrouvons une grande route avec beaucoup, beaucoup de circulation et beaucoup de travaux. Nous filons rapidement et essayons de fuir cette circulation infernale en empruntant les chemins de terre qui longent cette route 1 en direction d'Oruro. On nous avait prévenu, rien d'extraordinaire sur cette portion de route très passante, très bruyante et très polluée.

Une belle brochette internationale de cyclo-campeurs
La déco tibétaine de Shahla et Peter


Un trio de choc partant vers l'aventure













    Cependant, nous y faisons une rencontre. Celle de Shahla et Peter, deux Canadiens à vélo qui remontent vers La Paz. Ils nous ont impressionnés non pas par leurs vélos aux sacoches bricolées et à la décoration originale de leur monture mais parce qu'ils voyagent depuis 8 ans. Huit années à travers le monde dont une "petite" partie en vélo: 50000km. Respect à ces deux là! Alors que Shahla et Peter nous racontent leur remonter jusqu'ici, nous voyons arriver derrière nous... Adrien. On pensait le retrouver à Oruro mais, finalement, le destin nous a réuni un peu plus tôt et pour notre plus grande joie. Nous disons au revoir à nos deux canadiens qui ont pour but de rejoindre leur pays  et continuons notre route à trois. En plus de cette journée, il nous faudra deux jours de plus afin de rejoindre Oruro. Pas très "pumpidup" cette portion. La route est en quasi totalité en travaux (200km) et occupée par des chauffeurs de bus et de camions peu attentionnés à notre présence. Nous trouvons souvent refuge sur la partie de la route en construction qui longe celle existante.
 Parfois asphalté, parfois en terre, nous prenons plaisir à y rouler les uns à côté des autres. Nos journées, au climat très changeant, seront récompensés par de beaux bivouacs. Chaud le matin mais toujours avec un petit vent frais (et oui, on reste perché à 3900 - 4000m), le ciel bleu se couvre de gros nuages à partir du début d'après-midi. A l'heure de se trouver un petit coin pour la nuit, nous avons un peu de vent eu guise de compagnon de montage de tente. A noter que durant la seconde journée, nous avons essuyé la plus forte averse de grèle de notre voyage, juste avant que nous passions la barrière des 12000km de notre aventure. Nous voyons déjà apparaître au bord des routes et par endroit une fine pellicule blanche qui nous annonce la proximité des salars.

Concert bolivien
C'est dingue à quel point du fromage peut rendre heureux

    Notre arrivée à Oruro se fera le 21 octobre dans l'après midi. Autant vous dire que l'attrait touristique, annoncé par notre guide, n'est pas des plus attrayant. Il y est écrit qu'il est fort à parier que les touristes n'y passeront que pour prendre un bus ou un train... Mais c'est sans compter sur notre bonne étoile et celle d'Adrien. Alors qu'avec Audrey, ils achetaient nos provisions pour la suite de notre périple, ils trouvent le moyen de se faire accoster par un Franco-Suisse nous ayant repéré sur la route et qui en deux minutes chrono nous proposera un toit pour cette nuit, une soirée musique typique Bolivienne et... une raclette avec du vrai fromage suisse! Alors? Qui peut faire mieux que ça? Matthieu est un de ces gars qu'on peut qualifié de "en or". Son travail est en Suisse mais cela fait plus de dix ans que sa vie est en Bolivie. Il a sû s'entourer de boliviens super sympas tel que Limbert et on comprend pourquoi il désire rester là. Nous passerons l'une des soirées les plus marquantes de notre voyage et mesurons le coup du sort, cette chance d'avoir rencontré Matthieu et tout ses amis. La plupart de ces gars sont artistes (sculpteurs notamment), pompiers volontaires et musiciens. Nous nous installons dans la maison que loue Matthieu. La raclette est lancée. Les bières, le vin et la Singani (équivalent du Pisco péruvien) nous sont offert généreusement. Matthieu se démène pour trouver d'autres musiciens et c'est un vrai concert qui s'improvise. Limbert sera notre guide et nous raconte comment le "grand" carnaval d'Oruro se déroule. Une semaine sans interruption où chant, musique, danse et costume se noient dans l'alcool et la bonne humeur. Il nous parle également d'une tradition bolivienne qui, à nos yeux, nous paraît des plus violentes car on y déplore des morts chaque année. Nommé Tinku et signifiant rencontre en Quechua, deux communautés du Nord de Potosi se réunissent, dansent et... se battent à poing nu et à coup de cailloux au son de musiques traditionnelles. En faisant couler le sang, le but serait de s'attirer les faveurs de la Pachamama... La soirée se poursuit par l'apprentissage de la flûte de pan et se termine très tard. Ainsi, nous décidons d'accepter l'invitation de Matthieu à rester une journée de plus. Les festivités continuent pour nos papilles le lendemain matin avec un gros pot de Nutella et des barres de Toblerone. Matthieu nous encourage à nous servir.



Nous profitons du moment et de cette journée de repos improvisée pour faire un stock de provisions pour les prochains jours car nos plans ont quelque peu changées et vont nous éloigner de la "civilisation" pour quelque temps. Dans un premier temps,nous avions pensé continuer sur l'axe reliant La Paz à Uyuni et bifurquer ensuite vers le nord du Salar d'Uyuni via Challapata... Mais, à trois, les choses changent! Les désirs et les envies s'échangent, se croisent et une remarque unanime tombe: au lieu de traverser un désert de sel, pourquoi ne pas en traverser deux? Moins connu que le Salar d'Uyuni, au Nord, se trouve le Salar de Coipasa. Plus petit mais avec une énorme île dessus et un gros lac, il semble nous tendre les bras. Pour notre dernier soir en compagnie de notre hôte et ses amis, ces derniers tenterons de nous faire goûter à une spécialités locale peu ragoutante : la tête de mouton. On y mange tout : la peau, la cervelle, les yeux! 

Au revoir l'asphalte, bonjour la poussière
    C'est donc après de grands remerciements à Matthieu et Limbert, pour la soirée et l'accueil qui nous a été offert, que nous quittons Oruro le matin du 23 octobre afin d'emprunter la route qui rejoint Pisaga, à la frontière Chilienne. Nous prévoyons de nous arrêter 50km avant à la ville de Sabaya d'où nous plongerons vers le "petit" désert de sel. Notre apéritif avant celui d'Uyuni, comme dit Adrien. Et c'est par ce beau mardi matin que nous connaissons une autre tradition bolivienne : un bloqueo. C'est la grève et toutes les routes de la ville sont bloquées par des bus, des camionnettes et des taxis. Pas de problème pour nous, à vélo, mais gare à ceux qui osent circuler. Matthieu nous dit que certains n'hésite pas à crever les roues de ceux qui veulent travailler. Du coup, après avoir contourner les bus en sortie de la ville, nous nous retrouvons seul sur une route asphaltée qui file toute droite à travers un paysage avec peu de végétation et beaucoup de sable. Nous passons au nord d'un lac où nous rencontrons nos premiers flamands roses. Au loin, nous voyons venir vers nous des camions soulevant d'énormes nuages de poussières, nous annonçant ainsi le changement de revêtement de la route. C'est ici, à Toledo, que commence notre périple sablonneux et terreux sur 70km environ. Mais pour cette fin de journée, nous n'en ferons qu'une dizaine avant de trouver un terrain adéquat à un bon bivouac. De la terre mélangée à du sable nous facilite le plantage des sardines. Et pour notre plaisir, une rivière coule à quelques mètres de notre campement. Après cette journée où sueur, crème solaire et poussière se sont mélangé, c'est une aubaine pour nous, pauvres petits voyageurs tout crasseux. Bon d'accord, l'eau est loin d'avoir une couleur claire... Je dirais plutôt un marron tirant sur l'ocre! Cependant, elle nettoie, rafraîchie et c'est bien là l'essentiel. Et croyez moi, on la regrettera, cette eau, les jours suivants.

   
    Le lendemain, nous reprenons notre route où la couche de poussière d'au moins 4cm cache de petit cailloux qui occasionneront une crevaison à Adrien. Il fait encore chaud ce jour là et, la crème solaire aide la poussière (soulevée par les camions) à adhérer à notre peau, nous offrant ainsi une seconde couche de protection contre les rayons du soleil. Nous sommes vraiment dans un paysage désertique et poussiéreux, où ajouté à cela, les herbes jaunâtres connotent un univers de Far-west. Au passage d'un village, nous nous ravitaillons en eau et une règle locale vient quelque peu m'énerver : tête de gringo + village isolé = prix fort. Mais bon, c'est comme ça, c'est la vie! En sortie de ce village, nous nous étonnons de voir une petite route toute neuve, toute goudronnée qui part vers le sud. Pourquoi une route comme celle-ci  est goudronnée alors que la route principale qui va vers le Chili ne l'est pas. Puis Audrey se rappelle que Matthieu nous avait parler de cette route. Il s'agit de la route qui mène au village natal d'Evo Morales! Il y a du bon d'être président de la Bolivie et de décider des priorités de son pays comme faire asphalter une route perdue au milieu de nulle part. Au cours de la journée, le traffic se fait moins dense et nous entamons de petites montées et descentes alors que nous pensions le relief plat comme un crêpe. Ca a l'avantage de faire changer un peu le paysage : il est plus végétalisé et on aperçoit même des arbres au feuillage vert (on en a compté 3...) parmi des murets de pierre qui paraissent avoir plusieurs siècles. Pour notre bonheur, cette partie de route poussiéreuse se terminera à notre arrivée à Ancaravi, nous avalons une dizaine de kilomètre de plus en 30min avant de trouver un terrain plat et sans cailloux. 




   Le matin du 25 octobre, nous préparons une surprise pour Adrien dont c'est l'anniversaire. Au pied de sa tente, l'attendent 26 Sublimes que nous avons acheté en douce à Oruro. On était sûr de ne pas se tromper avec ces chocolats dont il raffole. Nous aussi, depuis que nous les avons connus au Pérou, nous sommes addicte! Ce jour-là, nous avons eu une journée facile. La route est goudronnée, plate mais les quelques montées cassent la rectitude de ce chemin nous transportant jusqu'à Sabaya : le point de départ de notre aventure salée. Les paysages sont toujours aussi secs et désertiques mais nous traversons des zones où nous distinguons de petits salars où les lamas grattent le sol afin de trouver les racines qu'ils apprécient. Derrière eux, un lac, du sel. Et encore plus derrière, les montagnes dessinant la frontière avec le Chili. Se détachant des autres, nous distinguons le majestueux volcan Sajama et ses 6540m. Ca donne envie d'aller voir le pépère... Mais à plus de 150km à vol d'oiseau, ça nous paraît un peu loin alors que le Salar de Coipasa nous ouvre ses portes. A Sabaya, nous faisons le plein de riz, pâte, thon, sardines et saucisses pour 2 jours d'autonomie et un jour de sécurité. 

La tôle ondulée
   L'aventure commence le matin du 26 octobre par une vingtaine de kilomètre de piste poussiéreuse, pierreuse et onduleuse. Onduleuse? Oui! Une surface de terre et de sable formant des petites vaguelettes qui s'apparentent très fortement à de la tôle ondulée. Nous prenons la direction de la grosse île de Coipasa que l'on distingue de très loin et qui nous attire tel un aimant jusqu'au village de Villa Vitalina. Là, un homme nous indique un robinet et un tuyau comme s'il avait deviné qu'une petite séance de beauté (et graissage de chaîne) pour nos vélos serait la bienvenue avant d'affronter le désert. Le Salar de Coipasa est plutôt méconnu ou disons plutôt délaissé face à son grand frère situé juste en-dessous de lui. Matthieu nous a conseillé de nous renseigner avant d'y pénétrer car à cette saison, il se peut qu'il soit inondé. Mais, renseignement pris, il semble que le champs soit libre. Le sourire aux lèvres avec une âme d'enfant retrouvé, nous pénétrons sur cette mer de sel. Nous sommes ivres de joie, à la limite de l'euphorie. Plus de route mais une direction. Guidé par notre GPS, nous fonçons le nez au vent, le soleil au zenith. Nous nous enfonçons petit à petit dans le salar et sa réalité. L'immensité présente, provoque en nous un sentiment d'une liberté totale de solitude... d'être seul au monde. Additionner à cela, la blancheur du sel donne la sensation que l'on roule sur une étendue de neige prêt à nous brûler les yeux. Mais, une autre réalité, qui nous marquera et marquera également notre postérieur, se révèle à nous. Comme beaucoup, nous pensions parcourir des kilomètres et des kilomètres sur une surface lisse et avalant les distances en un clin d'oeil. Mon oeil, justement, la réalité est toute autre! 

Arrivée sur le Salar de Coipasa et de son île.

Nous rencontrons toutes sortes de surfaces : lisse mais molle, comme si l'on roulait sur une fine couche de poudreuse freinant notre allure; humide et salé, qui nous trempe les chaussures jusqu'aux genoux sans parler du sel qui s'accumule sur le vélo; ou encore, ponctuée de petites bosses plus ou moins rapprochées, qui nous donnent l'impression de rouler sur une piste caillouteuse et qui nous fera travailler les cuisses et endolorira nos pauvres petites fesses comme jamais! Entre la sensation de pédaler dans la semoule et, le sable freinant notre allure, nos fesses semblent retrouver le chemin des jardins d'enfant et des "tape-cul". Mais comme à l'époque, même si ça fait mal, on en rigole!... Enfin, pas toujours... La fatigue amène à l'énervement et ce sont ces expériences de voyage qui nous apprennent sur nous-même et nous pousse à être patient et à relativiser afin de ce rendre compte de la chance que nous avons d'être là. Nous campons à l'est de l'île, sur la terre sèche, après avoir lécher les rives du lac. 




    Au petit matin, nous reprenons notre cap vers le sud. Spongieux au départ, chaotique ensuite, puis un peu plus lisse nous gagnons la rive sud et son mélange de sable et de sel qui nous oblige à descendre des vélos et à pousser durant les 5 derniers kilomètres jusqu'à rejoindre une petite piste de terre bien tassée mille fois meilleure que tout ce qu'on a vu ces deux derniers jours. La ville de Llica, où nous pensons faire un ravitaillement, n'est plus qu'à un vingtaine de bornes mais exténués, nous nous dirigeons vers un rassemblement de maisons où nous espérons trouver de l'eau car nos réserves sont bien épuisées. Nous pénétrons dans ce hameau où aucunes âmes semblent ne vivre. Et tel le gral tant recherché par un aventurier, nous tombons sur un puits  Le saint gral! Adrien lance le seau accroché au bout d'une corde et le remonte à l'aide de la poulie... Une eau clair et fraîche déborde du seau alors que nous rêvons de nous plonger la tête dedans. Et c'est dans ce genre de situation que s'opère la magie du voyage....
Alors que nous pensions être dans un coin trop reculé pour espérer un toit où dormir, un femme nous propose de nous installer dans la petite chapelle du hameau et nous dégote deux bière bien fraîches. La perspective de ne pas devoir planter la tente ce soir et de se poser pendant 3/4 d'heure autour d'une bière est des plus relaxante. Le cerveau se met automatiquement en mode veille. Arghhhh, que ça fait du bien!!!





    Après une bonne nuit dans cette petite chapelle d'à peine 15m² aménagée seulement d'un hôtel  nous rejoignons Llica pour le milieu de la journée après avoir roulé et poussé sur une piste sablonneuse. Malgré le peu de kilomètres de la journée, celle-ci nous semble bien remplie et décidons de passer l'après-midi dans un resto à manger, boire 4l de Fanta à trois et dormir sur le coin de la table avant de refaire des provisions pour la traversée d'ouest en est du Salar d'Uyuni. Notre crainte est que la surface soit comme celle que nous avons connu durant des 3 derniers jours. Nous prenons donc vivres et eau en conséquence afin de pouvoir être assez autonome tout en évitant de se surcharger. Nous sortons de quelques kilomètres de Llica afin de planter les tentes non loin du salar et partir tranquillement le lendemain.

Isla del Pescador

    Et c'est ainsi que nous nous élançons sur le Désert de sel d'Uyuni le matin du 29 octobre. Adrien avait raison de dire que le Salar de Coipasa était un apéritif avant celui d'Uyuni... Plus grand, notre sentiment d'être dans une immensité sans fin est décuplé. Même à trois, le Salar se vit seul. On roule, on regarde autour... rien. On a tous besoin d'un petit moment afin de s'imprégner des lieux, de se les approprier et d'en ressentir quelque chose de définissable. Mais pour tous, le résultat se traduit par un sourire que l'on se renvoie. On est heureux! Nos fesses le sont un peu moins. Moins pire que les jours précédents, nous sommes tout de même soumis à des secousses provoquées par une surface qui s'apparente à une carapace de tortue : des dalles de sel hexagonales dont les joints, en creux, semblent de plus en plus creux à mesure que les vibrations s'accentuent. Le moment est bien sûr inoubliable malgré la douleur à laquelle nos postérieurs s'habituent. Nous terminons notre journée sur l'isla del pescador. Déserte, grande et coiffée de quelques cactus, nous nous installons sur une sorte de baie qui nous donne, plus que jamais, la sensation d'être sur une île entourée d'une mer blanche. Le couché de soleil est magnifique et accompagne sympathiquement notre soirée jeux de cartes et discussion. 



Vers Inca Huansi
    Au petit matin, nous nous rendons compte que nous ne sommes pas seul sur l'île. Alors qu'Adrien sort dans l'abside de sa tente, il tombe sur un scorpion. Nous, nous en trouverons deux autres installés sous la bâche de la tente. Agréable rencontre matinale, mais l'appel de l'immensité blanche nous décide à laisser l'île à ses habitants. Une vingtaine de kilomètres nous amène à l'île d'Inca Huasi en fin de matinée. Lieu très touristique où nous ne faisons pas le tour classique mais où nous nous réfugions au restaurant pour dévorer un hamburger de steak de lama. Nous rencontrons aussi Doña Aurelia, une femme qui vit sur l'île et vend snack et boisson. Son trésor : 5 livres où une quantité énorme de voyageur (pour la plupart à vélo) ont laissé commentaires, cartes de visite et cartes postales. Nous y laissons notre trace de passage nous aussi. Evidemment, nous rencontrons beaucoup de touristes et ils sont nombreux à nous questionner, à s'intéresser à notre voyage. Ils semblent admiratifs de notre traversée. S'en est gênant parfois, sachant qu'on est loin d'être les seuls, les premiers et encore moins les derniers à l'avoir fait. Nous repartons de l'île sur une surface... lisse. Et oui! Le trajet depuis Colchani (ville vers laquelle nous nous dirigeons) vers l'île d'Inca Huasi est très fréquenté chaque jour et les véhicules laissent une piste beaucoup plus marquée que les traces que nous avions suivit jusqu'à présent. On roule à 26km/h alors qu'avant c'était plutôt entre 7 et 15km/h. Et enfin, nous roulons sur ces hexagones dessinés par de petits bourrelets de sel. Le genre de surface que l'on voit dans les beaux livres de voyage. Du coup, séance photo oblige! Et vers 17h , le vent commence a souffler fort, dans le dos. Nous avançons sans pédaler. Quel sensation agréable! Et voici venu le moment de planter la tente dans un endroit exceptionnel. Au beau milieu du Salar d'Uyuni. Pas facile de planter la tente avec un vent fort et un sol dur comme de la pierre. Mais le vent se calme dans la soirée et pour ce qui est du sol dur, il suffit de planter les sardines dans les joints des dalles. Quelle soirée et quel lendemain magnifique! Une expérience exceptionnelle que l'on souhaite, à tout le monde, de vivre. 





   















    Le lendemain matin, nous avançons, mais à reculons, vers Colchani. Non qu'il y ait un vent fort mais que l'expérience du désert était si forte qu'on ressent une certaine émotion à le quitter. A Colchani, ville poussiéreuse, sale et peu attrayante,nous rencontrons Youenn, un breton qui voyage en Combi depuis le Venezuela où il y a vécu plus de dix ans. Il sera le premier d'une série de rencontre. Nous restons un moment à discuter avec lui avant de reprendre la piste qui rejoint Uyuni. 20km d'ultime souffrance pour nos fesses sur une surface de tôle ondulé avant de rejoindre la ville très, trop touristique qu'est Uyuni où nous avons pu nettoyer nos vélos couvert de sel dans un centre de lavage de voiture. Suite de notre récit, plus tard, sur la traversé du Sud Lipez (en 4x4)....



   Il faut nous excuser pour le temps que nous avons mis pour écrire ce message... En fait, nous sommes à la recherche d'une bonne connection internet depuis notre entrée en Bolivie et nous craignons que cela ne soit pas possible avant l'Argentine. De ce fait, les quelques vidéos que nous voulons diffuser sont mises au chaud en attendant. Dès que ce sera possible, nous les ajouterons aux différents messages et nous vous tiendrons informé de leurs diffusions. Il en sera de même pour nos photos sur le site Picasa... Désol'

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6 commentaires:

  1. Superbe récit! On imagine très bien ce que vous avez du ressentir à la traversée du lac! Continuez de kiffer car c est très agréable à lire!

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  2. Mais...que de ...sel!! ;-) Doit être juste impressionnant de s'y retrouver!! Magique ces déserts, merci de nous en faire profiter!!Hâte de connaitre la suite du périple...Je vais guetter!!Elles sont top vos photos, il se défend ce ti compact! Des BisouS bien frais de chez nous, ça vous rafraichira!!

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  3. whaaa magnifique, que de blanc et de bleu!! et que dire de la raclette :-)
    vos photos " premier-arrière plan" sont géniales!!
    qu'importe les délais pour votre prochain message, l'important c'est que vous en profitiez.
    bisous normands

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  4. c'est cro cro bô les copains!! ça fait bien envie tout ça!! j'adore la photo où Audrey donne à boire au mini-Lolo!!! finalement, j'ai pu me connecter ce matin mais vous n'êtes pas là.....Sniffff!!!
    gros bibis

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  5. Génial la vidéo, la flûte de pan, le pédalage dans la semoule, le blanc et re le blanc...;-)

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  6. Yeah yeah yeah !!! J'imagine (un peu) la galère la galère!
    Profitez à fond, mais faites pas comme les Canadiens, attendez pas 8 ans avant de revenir hein !!! :-)

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