Tous les chemins partent de Rome


   Nous avons vécu un excellent dernier séjour à Buenos Aires avec Pablo et Magali. Les préparatifs pour le départ, un dernier asado, une dernière glace et nous voici déjà le 07 Avril. On a eu une sensation étrange une fois assis dans nos sièges de l'avion... Comme si nous avions oublier quelque chose sur le continent de l'Amérique Latine, sans parvenir à savoir ce que c'était... Mais non, tout était là! Et la suite de notre aventure a suivi son chemin, après 12h de vol jusqu'à Madrid et 2h de plus afin d'arriver à Rome. Rome, point de retour en Europe après l'avoir quitté il y a un an et demi, c'est aussi le point de départ vers notre destination finale : Sainte Pazanne.

   Mais avant que n'arrive ce moment très attendu (et ce n'est pas demain) nous voici donc à Rome. Une capitale Européenne à la fois moderne et Antique. Un mélange de passé et présent où l'on essaie de comprendre ce qu'on appelle ici, la Dolce Vita. On y passera trois jours de visite intense qui nous ferons un peu oublier l'Amérique Latine, si loin de nous maintenant. Notre hôte de Rome s'appelle Margherita. Une femme à l'emploi du temps chargé mais qui a bien voulu nous accueillir, curieuse de connaitre notre voyage. Margherita parle très bien le Français et c'est avec plaisir que nous lui expliquons, avec détails, tout ce qui nous à plu durant ce voyage en Amérique Latine.

 Elle, elle s'est replongée depuis quelques temps dans les études via des cours par internet. Curieuse de tout (et surtout de math), elle passe ses fin de journée à apprendre. Nous nous accoutumons à son rythme de vie et apprécions le repas qu'elle organise dès notre premier soir en invitant quelques uns de ses amis, dont Pablo qui parle aussi très bien le français. Ce soir là, elle nous mijote un excellent risotto. Nous ressortons de cette soirée en ayant découvert les prémisses de la cuisine Italienne et son vin. Pablo est notre guide durant la soirée et nous conseille sur les immanquables à visiter pendant les trois jours où nous restons dans la capitale. 

     Dès le lendemain donc, nous faisons chauffer les muscles de nos jambes en arpentant les rues du quartier historique : la Plaza Navona, l'église St Luigi de Francesi (Saint Louis des Français) où nous avons admiré trois beaux tableaux de Caravage, le Pantheon et son immense dôme, la fontaine de Trevi, le Capitole et beaucoup d'autres choses défilent sous nos yeux. Rome est un énorme musée à ciel ouvert! Chaque rue, chaque édifice a quelque chose d'intéressant, de beau ou de culturel à connaître. On découvre les "vrais" panini et les glaces Italiennes qui nous rappellent celles d'Argentine et nos papilles n'arrivent pas à décider laquelle est la meilleure... 


     
 Le deuxième jour, nous repartons de chez Margherita pour nous enfoncer dans le quartier de Trastevere, puis rejoignons le Tibre (la rivière qui traverse Rome) pour prendre la direction de la cité du Vatican. Tout petit état qui compte un peu plus de 800 habitants et dont le premier passeport est attribué au nouveau Papa Francesco qui, rappelons-le, est Argentin. Pour cette première partie de journée, nous ne verrons que la place Saint Pierre et... surtout beaucoup de monde l'ayant envahit afin de voir et d'écouter la messe que donne le pape tous les mercredis. Bah, on s'avait pas nous! La basilique est fermée et n'ouvrira que plus tard dans la journée, ce qui nous laisse le temps d'aller visiter un peu plus le centre, et de nous promener dans la parc Villa Borghese. Le constat que nous nous faisons est que Rome est une ville très verte. Sans parler de cet énorme parc, la ville est "noyée" d'espaces verts et d'arbres. 

De retour au Vatican, les pèlerins ont laissé place aux touristes qui font la queue pour entrer à la basilique Saint Pierre. C'est un lieu qui en impose si on peut dire! Superbe architecture où l'impressionnante immensité de l'intérieur nous laisse sans voix. La basilique peut contenir jusqu'à 60000 personnes. Nos regards ne cessent de découvrir les milliers de détails décoratifs qui nous entourent. Nous irons même "jusqu'aux cieux" en allant découvrir la coupole. A la base de la coupole, ce que l'on pensait être des peintures, vues du bas, sont en fait un assemblage de petits morceaux de pierre de différentes couleurs, telles des mosaïques, composant ainsi les images religieuses. Nous poursuivons notre visite à travers d'étroits couloirs et empruntons un escalier qui monte entre la double paroi que forme le dôme afin d'arriver au sommet et découvrir une vue imprenable sur la place Saint Pierre et sur la ville de Rome. 

   
     Le dernier jour, c'est à un autre gros morceau que nous nous attaquons: le Colisée et le Forum Romain. Tout cela se passe de commentaires. Il faut vivre cette intéressante expérience en se promenant dans cette immense lieu et ainsi percevoir le sentiment d'un retour dans le passé, au temps de l'antiquité Romaine. A notre retour, Magherita a tenu à nous faire découvrir le fromage Italien. Elle ne se rendait pas compte du plaisir qu'elle nous a fait. Le fromage est une des choses qui nous à le plus manqué en Amérique Latine! On n'est pas Français pour rien... L'Italie n'a rien a envier à la France de ce point de vue et c'est accompagné d'un bon vin rouge et de Pablo que nous goûtons à de la Mozzarela di Buffala et  au Capretto.



    Le temps est passé vite et déjà, nous reprenons nos vélos en début d'après-midi du 12 Avril. Cap vers Florence, à 350km de Rome. Nous sortons de la capitale sans encombres mais, évidemment, nous ne sommes pas seul sur la route. Avec Audrey, on avait hâte de rouler en Italie, s'imaginant vagabonder sur des petites routes de campagnes, une pâquerette au coin des lèvres et saluant les rares tracteurs qui croiseraient notre chemin... Mais, ça circule pas mal autour de la capitale et nous mettons du temps à trouver notre petite route pépère. A Rome, nous avons pu trouver des cartes Michelin avec une bonne échelle (1cm pour 4km) sur lesquelles nous avons tracé notre itinéraire tout en prenant les routes qui nous paraissaient le moins fréquentées. Pour ce premier jour de pédalage, le temps est plutôt couvert mais les températures restent agréables pour pédaler. Très vite, nous nous écartons de l'agglomération de Rome, rejoignons le Lago di Bracciano avant d'arriver au 19000ème kilomètres de notre aventure. Autour de nous, des champs cultivés, des pâturages, des arbres, des forêts, du vert partout et... pas mal de traces de civilisation. On se rend compte qu'on ne roule plus dans les pays d'Amérique Latine. Les campagnes sont ponctuées de petits villages assez rapprochés et de maisons particulières. Fini le temps où l'on pouvait rouler toute une demi journée (ou voir plus) sans rencontrer de village! Ca a ses avantages: pas besoin de faire de provisions et on trouve sans problème un robinet pour remplir nos gourdes. Mais pour trouver un petit coin tranquille afin de planter la tente, il nous faudra nous éloigner un peu plus de la route goudronnée. Et encore! Le soir, nous nous enfonçons dans un petit chemin de terre pensant trouver un coin pour bivouaquer... Raté!

 Elle dessert des habitations et finie en cul de sac. Seul les chiens et leurs aboiements nous accueillent. Armé de notre guide de conversation en Italien, nous reprenons nos bonnes vieilles habitudes en partant demander un bout de jardin chez les particuliers. Même si la langue peut paraître proche du Français et de l'Espagnol, la prononciation est difficile pour nos petites bouches imprégnées de la langue catalane. Par chance, nous tombons sur Mauro. Un homme de 64 ans ayant un peu vagabondé et parlant l'anglais. Il nous accueillera dans sa grande maison qui paraît être en travaux depuis un moment et où il y vit seul. Nous aurons droit à un lit pour cette nuit, une douche chaude et un repas italien cuisiné par Mauro: pâtes avec "un peu" d'huile d'olive, d'ail, de tomates et "un peu" de Parmesan. On aurait pu penser que manger encore et toujours des pâtes (qui est la base principale de notre alimentation depuis un an et demi) nous aurait gavé. Mais, les pâtes italiennes ont un autre goût dont on ne se lassera pas tout de suite. Nous passerons donc cette première soirée, plus qu'agréable, en compagnie d'un italien charmant et intéressant.
    

Cette première approche des locaux fût encourageante et durant les 4 jours suivants, malgré nos lacunes en italien, nous rencontrerons des gens qui nous accueillerons volontiers dans leur propriété. Nous avons été surpris aussi par le nombre de gens qui parlaient anglais ou français. Ainsi, notre trajet jusqu'à Firenze (Florence), en passant par les lacs di Vico et di Bolsena, se fera avec un temps parfait. Pas de nuages, un ciel bleu, 30°C de température mais avec un petit vent frais... Les routes de campagne que nous empruntons nous font passer par les petits villages de la Toscane. Villages perchés sur des petites collines et entourés de champs de couleur vert flashy  d'oliviers et de vignes. C'est comme si on regardait les tableaux des Maîtres de la Renaissance. Tout ça pour dire que ça monte, ça descend, ça re-monte et ça fait chaud sous le casque... Nos journées s'achèvent avec un dénivelé positif de plus de 1200m. Le record sera de 1624m et on peut dire qu'on a bien dormi ce soir là! Le 16 Avril, nous faisons une halte rapide à Siena (Sienne) afin d'admirer sa fameuse place de Campo, pavée de briques et en forme de coquille. Toutes les rues y mènent et c'est le vélo à la main que nous explorons les ruelles sinueuses de cette ville aux allures médiévales intactes. Entre Sienne et Florence, nous roulons sur la route 222: la route du Chianti. 


   Nous pénétrons à Florence au petit matin du 17 Avril. Nous nous posons dans un camping à deux pas de la place Michelangelo, sur les hauteurs de la rive Sud de la Rivière Arno. De là, nous découvrons la ville Renaissance. C'est ici qu'il y a la plus grande concentration au monde d'oeuvres d'art de cette époque. Mais l'idée d'aller piétiner dans un musée de nous enchante pas et même si les muscles de nos jambes et de nos fesses se font bien sentir après les montées et descentes des routes de Toscane, nous préférons déambuler dans les rues étroites de la ville afin de la découvrir. Le premier jour, nous avons rapidement fait connaissance avec les lieux principaux de la ville. Piazza Santa Croce et l'église gothique du même nom, la piazza de Signoria où la réplique de la statue de David de Michel-Ange côtoit celle d'Hercule (de Baccio Bandinelli) et de Neptune (de Bartolomeo Ammannati). Au Sud de la place, d'autres statues très impressionnantes sont disposées sous la Loggia dei Lanzi. Puis, en se perdant dans les petites ruelles, nous arrivons sur la Piazza del Duomo où trône la cathédrale Santa Maria del Fiore (Duomo).

 Elle est impressionnante par sa taille et ses milliers de détails décoratifs extérieurs composés essentiellement de marbre vert, blanc et rose. Mais le top, c'est le dôme gigantesque. A l'époque, ce fût un exploit d'édifier un tel élément de 42m de diamètre à 50m du sol... Exploit attribué à Brunelleschi qui a eu l'honneur d'être inhumé dans la cathédrale. Bref, on l'a bien compris, Florence est une belle ville Renaissance où il fleure bon se promener dans ses ruelles afin de se cacher des rayons du soleil et découvrir ses architectures grandioses. Mais, ce qu'on a préféré, c'est découvrir le poumon de la ville tel qu'on aime le faire: aller butiner tels des abeilles parmis les étalages du marché central. Fruits, légumes, jambons, fromages, pâtes de toutes formes et couleurs, composent l'essentiel des lieux. Il faut se retenir de tout tester! Mais ce dont nous ne manquerons pas de tester durant trois jours à Florence, ce sont les glaces. 


     Le 20 avril, nous partons rejoindre la côte et prenons la direction de La Spezia. Ce fût une longue journée de plus de 100km, mais avec de faibles dénivelés et des pentes douces qui suivent la rivière Arno. Le lendemain, un dimanche, nous partageons la route qui mène à la côte, avec beaucoup de cyclistes. Les vélos ultra léger se mêlent aux vélos de balade du dimanche et à ceux qui font leur marché. Il y a des vélos partout lorsque nous arrivons à la ville de Viareggio où nous retrouvons la mer Ligurienne  (une partie de la mer Méditérannée). En longeant la côte, nous passons par des villes qui sont au touche à touche... Toute la côte est urbanisée sur des kilomètres. Nous quittons la Toscane pour entrer dans la région de la Ligurie. Géographiquement, c'est une région qui suit toute la côte de La Spezia jusqu'à la frontière Franco/Italienne. Ce qui lui donne sa forme de croissant. Genova (Gênes) est la grosse ville portuaire qui sépare la région. De part et d'autre de Gênes, on distingue deux côtes à l'atmosphère différente. 

    A l'Ouest, la Riviera du Ponant est réputée pour ses stations balnéaires haut de gamme. Ca sent la côte d'Azur, ca sent la France qui se rapproche! De l'autre côté, Est, la Riviera du Levant. C'est par ce côté que nous nous engageons dans cette région qui se distingue par ces montagnes  (les Alpes et l'Appenin) qui semblent littéralement plonger dans la mer. Nous sommes sur un terrain qui est loin d'être plat et c'est dans un paysage "sauvage" de la Ligurie que nous arrivons. La région des "5 terres", dit Cinque Terre, est un alignement de cinq villages de pêcheurs accrochés aux falaises qui surplombent la mer. On peut les visiter les uns après les autres en prenant le train qui traverse les paysages par de nombreux tunnels. On peut aussi parcourir les sentiers de randonnées qui les relient ou encore suivre la route qui, à flanc de montagne, dessert chaques villages. C'est par cette 3ème solution que nous découvrons les premiers villages. Nous prenons de la hauteur en cheminant sur des pentes de plus de 14% quelques fois et nous faisant prendre de la hauteur (+600m) à travers un paysage fait de cultures en terrasse. Partout, nous voyons ces terrasses où poussent oliviers et vignes. A la fin de la journée, il nous semble difficile d'envisager de bivouaquer dans le coin tellement les pentes sont raides et les propriétés clôturées. Mais après s'être renseignés du chemin, nous apprenons que la route principale entre les villages de Corniglia et Vernazza, est coupée suite à un effondrement de terrain survenu en octobre 2011. Depuis cette date, la route est en travaux et les véhicules doivent descendre par la route secondaire jusqu'au village et remonter de l'autre côté afin de rejoindre la principale. On nous conseille d'aller voir si nous pouvons passer la zone d'éboulie et trouver un lieu pour camper ensuite.  Très bon conseil! Après quelques accrobaties, nous passons l'effondrement et nous nous retrouvons sur cette route empruntée seulement par les véhicules de chantier et nous laissant le loisir de bivouaquer juste à côté.


 Au matin du 22 avril, c'est la pluie qui nous réveille! Nous sommes obligés de plier la tente toute mouillée et poursuivre notre route. La tête dans les nuages et le moral dans les chaussettes, nous décidons de descendre des 600m d'altitude où nous nous trouvons pour rejoindre le village de Vernazza. De là, nous prendrons un train afin de rejoindre la prochaine ville après cette région des cinq terres. Une fois passés sous les nuages, nous arrivons dans ce charmant village de pêcheurs ou les petits bateaux de pêche remplissent la minuscule place près du port. Les touristes sont nombreux et une belle éclaircie réchauffe nos corps nous laissant profiter d'un bon moment de visite.
    Reprenant la route le lendemain, nous entamons 3 jours consécutifs de beau temps à longer la côte italienne. D'un point de vue général, la côte est très peuplée et la route principale S1 que nous suivons ne nous laisse prévoir rien d'autre que des paysages sur-urbanisées, des accumulations d'habitations aisées accrochées à la montagne. Mais, ce ne sera pas tout à fait le cas! Certes, la traversée de grosse ville telle que Genova n'a pas été très fun. Mais la côte est belle, la circulation fluide et certaine portion du littoral voit fleurir des pistes cyclables (et piéton), nous évitant de suivre le relief montagneux et longer au plus près le niveau de la mer. L'une de ces portions se situe entre Ospedaletti et San Lorenzo al Mare et suit l'ancienne voie de ligne de chemin de fer offrant 24km de pur bonheur aux vélos, rollers, poussettes et piétons... C'est d'autant plus plaisant de savoir qu'elle fait partie d'un projet de piste cyclable géante. Celle-ci devrait être prolongée d'une cinquantaine de km, ce qui en ferait la plus longue piste cyclable côtière de la Méditérannée. 

Le soir du 25 avril, nous la passons, comme les 3 jours précédents dans un camping car la surpopulation de la région du littoral ne nous a pas motivé à demander à ce qu'on nous héberge... A tort peut-être!!! Mais, bref! Nous sommes heureux car nous passons notre dernière nuit hors de France et que le lendemain nous serons à Nice pour profiter de 2 jours de repos. Là-bas, deux bonnes nouvelles nous attendent. La première est qu'un nid douillet nous est offert. Sur ce coup, nous avons joué la carte du lien familial. Catherine, qui nous accueille, est la tante de ma belle-soeur et elle a été assez gentille pour nous accueillir, nous et notre deuxième bonne nouvelle. Notre retour en France ressemble à un enchaînement de retrouvaille avec la famille et les amis. Et la première de la série est notre copine Florie. Décidée à la dernière minute, Flo nous fera la plus grande joie en venant de Paris afin de passer un week end avec nous. Week-end doublé de bonheur en rencontrant Catherine avec qui nous passerons d'excellents moments autour d'une table et d'un bon repas, à exprimer nos premiers sentiments de retour et à écouter les siens sur notre aventure et ceux de Flo qui nous a suivit à travers notre blog pendant cette année et demi. Nous avons bien profité de ce moment en visitant Nice malgré la pluie qui nous a, quand même, laissé assez de temps de répis pour faire nos vacanciers le long de la promenade des Anglais. Mais, renseignements pris auprès de météofrance, nous craignons que les jours suivants ne soient pas des plus encourageant. Notre prochaine étape: Avignon, où une tripotée de copains nous attendent.

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Attention au départ!!!


    Nous sommes à une altitude de 12200m, la température extérieure est de -54°C et la température intérieure de 21°C. A l'heure qu'il est, nous sommes assis, bien alignés les uns aux autres, une couverture sur les genoux, certains dorment, d'autres regardent un  film, et dans quelques heures nous verrons à travers nos petits hublots apparaître la terre européenne. Moi, j'en profite pour vous raconter nos derniers moments en Argentine... Nous nous sommes quittés la dernière fois en Patagonie et plus précisément à El Calafate... 

    Après avoir vu toutes ces merveilles de la nature, nous savons désormais que c'est l'heure pour nous de remonter sur Buenos Aires. Nous ne réalisons pas vraiment que cette longue période d'errance est en train de s'achever. Toute cette descente vers  le Sud des Andes est terminée, mais il nous reste encore quelques kilomètres à pédaler en Uruguay et en Europe, ce qui va prolonger un peu ce voyage et le terminer en douceur... Dans moins de 2 mois nous arriverons en Loire Atlantique. 

    Notre remontée sur Buenos Aires s'est déroulée sur une petite semaine à partir d'El Calafate. Nous décidons donc, le 16 Mars, de tenter de faire du stop à la sortie de la ville. Un poste de contrôle de police y est installé ce qui oblige les véhicules à ralentir, voir à s'arrêter. A 9h pétante, nous sommes prêts : nous sommes "garés" juste après le contrôle, et les policiers sont avertis et sont "sensés" nous aider à dégoter la perle rare qui voudrait bien nous avancer jusqu'à Rio Gallegos (une ville sur la côte Atlantique et surtout placée stratégiquement, sur le grand axe Ushuaïa - Buenos Aires). Je dis "sensés" car au final, ils ne nous auront pas été d'une grande aide! La pancarte est créée, et nous passons donc toute la journée à tendre le pouce aux véhicules susceptibles de nous prendre. En effet, on est un peu encombrants avec les 2 vélos et toutes les sacoches, nos chances de stop sont faibles... Au départ nous sommes confiants, mais, plus les heures passent, moins on y croit!! On tente des techniques en embellissant la pancarte et en attirant le client avec notre "café gratis"... Mais rien n'y fait! A 19h, nous quittons notre poste et retournons bredouille à notre camps de base "l'hotel Lago Argentino". Nous abandonnons le stop depuis El Calafate et décidons de prendre un bus pour nous avancer à Rio Gallegos. 

     Le lendemain, nous prenons donc le bus avec toujours ce petit coup de stress que l'on déteste lorsque le chauffeur nous dit vite fait en nous regardant à peine : "Non, pas de place pour les vélos!" Il suffit alors de discuter un peu, d'être très gentil avec le monsieur et de démonter en 2 temps 3 mouvements les vélos!!... Bon, en cherchant bien, on trouve toujours un petit coin pour tout ça!! Nous arrivons en fin d'après-midi à Rio Gallegos. C'est un peu comme si nous connaissions déjà le coin... En effet, des collègues cyclotouristes, qui sont déjà passés par là, et qui ont aussi tentés de faire du stop nous ont hyper bien renseigné, merci à eux!... Nous partons donc directement vers la station essence YPF d'à côté, où passeraient un grand nombre de camions susceptibles de remonter sur Buenos Aires. La station service est immense et de nombreux camions y stationnent pour y passer la nuit. Nous ne traînons pas et commençons à demander. La solution ici est d'aller à la rencontre des routiers et de leurs expliquer notre désir de remonter avec nos vélos jusqu'à la capitale. Ils sont tous très sympas et de bons conseils même si ceux à qui nous demandons sont pour la plus part en train de descendre vers le Sud. Certains nous disent qu'ils vont repasser par là dans quelques jours... Mais, si on peut éviter d'attendre quelques jours ce serait top!! Ils nous avertissent également que de l'autre côté de la route il y a la douane par laquelle doivent passer une bonne partie d'entre eux avant de continuer. Nous sommes donc aux aguets en regardant les camions défiler. 

    Lorsque la nuit commence à tomber, nous partons vers une auberge sociale et sportive. Puis, après une bonne nuit, nous repartons assez tôt à la station service. Nous sommes plusieurs à faire du stop ce jour là. Nous avons de la concurrence mais avec nos vélos nous partons avec un petit désavantage. Nous tournons et demandons au plus de camions possible pour ne pas louper une occasion. Dans l'après-midi, nous rencontrons Duan, il est brésilien, voyage aussi à vélo, et essaye, comme nous, de remonter à Buenos Aires en stop. Nous discutons ensemble un moment et encore une fois nous réalisons que nous connaissons les mêmes personnes qui voyagent à vélo : "Ah mais c'est toi le brésilien qui a roulé un moment avec l'allemand et qui était vers la laguna verde au premier de l'an!?!!" Trop drôle... Nous relâchons légèrement notre attention sur le stop puis quelques camions arrivent par là... Nous repartons chacun de notre côté demander... Je me présente à un chauffeur, explique mon cas et le routier, très simplement me dit : "Oui, je remonte sur Buenos Aires, je fais le plein et je vous prend après... Vous êtes combien??" , "Euh... 2 enfin 3!" , "Ok pas de souci!". Je n'y croit pas vraiment!! Je préviens Laurent et Duan et hop nous nous préparons, achetons quelques bricoles pour le chemin, et le semi-remorque, à la remorque bâchée, arrive... Il est vide, nous montons donc les vélos à l'arrière ainsi que toutes les sacoches! Nous grimpons dans la cabine... Avec Laurent, nous sommes assis sur son lit et Duan, joue le rôle du co-pilote!!! Whouou... Quelle chance!!! Allez c'est parti, il est environ 16h et nous commençons notre remontée vers la capitale! 



    Nous faisons la connaissance avec Mauro, notre chauffeur, alors que nous roulons sur la route 3 qui longe la côte Atlantique de l'Argentine. La route dans le coin est plus que droite, pendant des kilomètres et des kilomètres. Nous gardons le même cap, dans un paysage très monotone. Des hectares et des hectares d'herbes sèches et de petits arbustes, sans aucun arbre à l'horizon!!! Pas bien palpitant quoi! On est bien contents d'avoir trouvé ce camion et nous ne comprenons pas vraiment ces cyclistes qui ont déjà fait cette partie à vélo... Pas vraiment d'intérêts à nos yeux, surtout que parfois, ces conditions peuvent largement empirer lorsque le vent souffle fort!!

Notre remontée sur Buenos Aires s'est fait sur 3 jours complets avec environs 2500 bornes avalées. C'est le grand luxe dans ce camion avec même un petit lecteur DVD pour ce mater un film et faire passer le temps!! La nuit, lorsque Mauro veut dormir, nous lui laissons son lit et partons, avec Duan, dans la plus grande tente dans laquelle nous n'ayons jamais dormis : la remorque!! Un matin, à Puerto Madryn, nous reprenons les vélos pour aller rapidement manger un petit dej' en bord de mer. De son côté, Mauro doit préparer le camion pour un prochain chargement. Lorsque nous sommes de retour, nous assistons au chargement de quelques blocs de roches de 5 tonnes chacun, s'il vous plait!!

    Le 21 dans l'après-midi, nous sommes à 70km de Buenos Aires. Mauro nous dépose à une station service afin de camper dans le coin et arriver le lendemain sur la capitale. Nous sommes bien heureux de quitter ce camion, le trajet à été un peu long et nous avons envie de prendre l'air. Le lendemain, nous recommençons à pédaler et rejoignons finalement l'autoroute. Même si nous n'avons pas vraiment le droit en tant que cyclistes, nous y roulons une trentaine de kilomètres sur la large bande d'arrêts d'urgence avant de nous arrêter à une station service. Qui sait, si nous trouvions un pick-up pour nous amener ce serait encore mieux. Au bout d'un quart d'heure, voilà qu'un couple veut bien nous prendre et nous avancer après les quartiers "chauds" de banlieue. La chance continue à nous sourire, c'est chouette! Nous sommes presque dans le centre. Nous laissons Duan de son côté (qui n'a pas prévu de s'arrêter à Buenos Aires) et filons tout droit vers San Telmo, le quartier touristique. 


l'obélisque
   Nous sommes dans un hôtel, parfaitement bien placé pour jouer les touristes quelques jours. Alors que nous nous baladons dans les différents quartiers du centre, nous admirons, en long, en large et en travers, le nouveau Papa Francisco! Fierté du pays, il aura fait la une de l'actualité pendant une bonne semaine!! Nous partons flâner dans la capitale, qui pour nous a des petits airs de Paris. Dans le micro centro, nous ne pouvons pas louper l'obélisque sur l'impressionnante "avenida 9 de Julio". Nous passons aussi à la "plaza de Mayo" où la présidente, Cristina Kirchner a ses bureaux dans la "Casa Rosada". Sur la place,  les mères des "disparus" durant la guerre sale (sous la dictature militaire entre 1976 et 1983) et les anciens combattants de la guerre des Malouines se réunissent pour réclamer une reconnaissance de l'état. Nous flânons aussi sur les quais de "Puerto Madero" où d'anciens entrepôts en brique ont été réaménagés en restaurants tendances, lofts et bureaux. Le quartier que nous avons beaucoup apprécié a été San Telmo avec ses ruelles pavées qui lui donnent beaucoup de charme. Ce quartier, c'est aussi celui des antiquaires. En ce dimanche, ils sont tous de sorties ainsi que de nombreux vendeurs d'artisanat. Quelques musiciens et danseurs de tango se produisent aussi à quelques endroits devant les touristes de passage... 

la "Casa Rosada"

Quartier de "Puerto Madero"

les rues de Colonia
    Le 25 Mars, nous partons de Buenos Aires pour une petite escapade en Uruguay. Entre Buenos Aires et l'Uruguay, nous devons seulement traverser l'estuaire du rio de la Plata pour arriver environ 50km plus loin à la ville de Colonia. Nous prenons donc le bateau et arrivons, en 3h à cette jolie ville classée au Patrimoine mondial de l'UNESCO. Nous y restons l'après-midi pour s'y promener... Elle attire beaucoup les Porteños (nom que l'on donne aux habitants de Buenos Aires) qui souhaitent s'échapper de la grosse ville pour un peu de tranquillité. Ancienne cité coloniale, elle garde encore aujourd'hui les jolie façades témoins de son passé ainsi que ses petites ruelles pavées. 


    Le jour suivant nous prenons un bus vers l'Est. En passant par la capitale, Montevidéo, nous rejoignons Punta del Este afin de débuter notre petit périple à vélo le long des côtes uruguayennes. Dès que nous arrivons à Punta del Este nous commençons à pédaler. Au départ, une route longe la côte bordée de nombreux hôtels et maisons de particuliers à l'architecture moderne. Puis, plus nous nous éloignons, plus les bâtiments deviennent éparses et moins clinquants. Les plages et les belles vagues de l'Atlantique font le bonheur des touristes qui sont venus en nombre pour la semaine Sainte.




















   Sur notre chemin, nous passons quelques lagunes qui sont situées en bordure de côte, de nombreux pêcheurs viennent s'y installer pour la journée. Les soirs,  nous alternons entre camping sauvages au milieu des dunes et les campings "officiels" afin de profiter du barbecue et se faire griller un bon poisson.


avec Magali et Pablo
    Un matin, à la Pedrera, petit village balnéaire, nous rencontrons par hasard Pablo et Magali. C'est le couple que nous avions contacté par warmshowers quelques temps auparavant et qui va nous héberger pour nos derniers jours à Buenos Aires. Nous savions qu'ils avaient aussi prévu de faire les côtes uruguayennes à vélo et c'est donc une chance de les rencontrer ici. Ce jour là, ils ont prévu de rester se reposer sur la plage. De notre côté, nous continuons.

la plage à Pedrera

    La route s'enfonce légèrement plus dans les terres et nous entrons progressivement dans une zone avec de nombreux palmiers. C'est la saison où les palmiers donnent leur fruits : les butias. Ce sont de petits fruits jaune orangés très acidulés avec un énorme noyau. Sur le bord des routes, beaucoup de vendeurs proposent des liqueurs de butia, des fruits aux sirop... Nous profitons d'une pause du midi pour s'enfoncer par une petite route, qu'on nous avait indiqué, et rejoindre la mer. Le long de ce chemin, des nids de perruches vertes sont accrochés aux arbres... Ils sont énormes! A cette endroit, nous sommes presque seuls sur cette immense plage sauvage bordée de dunes... Le vent a cependant décidé d'être de la partie et nous empêche de profiter pleinement d'une petite sieste. Le jour suivant, nous arrivons progressivement vers le parc de Santa Teresa. C'est un parc protégé en bord de côte, très bien entretenu. Des petites routes mènent à des plages, il y a des jardins, un zoo et un fort. Nous passons un bon moment à flâner dans cet endroit.



 Lorsque nous repartons, nous choisissons de revenir maintenant sur nos pas, en passant par des chemins moins fréquentés. Nous ne suivons plus la côte mais rentrons plutôt dans les terres. Nous sommes seuls au milieu de ces champs immenses. Il y a beaucoup d'élevage de bovins dans le coin mais aussi des chevaux et des moutons. Pour la nuit, nous partons demander la permission de camper proche d'une ferme. Les fermes étant éloignées de la piste, nous prenons un des chemin et entrons dans une propriété bien entretenue avec de jolies zones de pelouse à l'entrée pour planter la tente. Nous demandons à un monsieur qui accepte et nous nous installons donc à côté des cochons!! Nous ne croisons pas grand monde ce soir là, et alors que nous sommes en train de cuisiner, à la nuit tombée, une voiture rentre dans la propriété et s'arrête lorsqu'il nous voit. Je pars à sa rencontre... C'est le propriétaire, il nous demande ce que l'on fait là et nous dit assez fermement : "Mais ce n'est pas un camping, qui vous a autorisé à camper là? Je ne veux pas que vous campiez ici!!". Oups, je ne pensais pas que ça allait prendre cette tournure, je lui explique donc notre cas, que l'on a d'abord demandé, que l'on ne veut pas le déranger et que l'on repart demain matin, etc... Après ces quelques négociations, il repart énervé en nous disant : "Bon d'accord, vous restez cette nuit, mais vous partez très tôt demain matin!!"... "Oui, oui..." Première fois que nous avons quelqu'un qui s'énerve contre nous, nous sommes assez surpris et nous espérons que le monsieur à qui nous avions demandé au début ne va pas avoir de problème avec son patron... Ce qui est étrange, c'est que le lendemain, lorsque le propriétaire grognon repart dans l'autre sens, il nous lance un grand bonjour avec la main!!

    Nous continuons donc au petit matin, à vélo, sur ces pistes peu fréquentées. Nous sommes désormais à quelques jours de notre départ pour l'Europe et nous ne réalisons pas encore, les journées s'enchaînent, la date se rapproche et nous n'avons même pas ce petit truc dans le creux du ventre... En fait, on a hâte d'y être je crois et, tant qu'on ne sera pas dans l'avion, on ne réalisera pas. Nous terminons ce petit trip en Uruguay à la petite ville de Rocha d'où un bus nous prendra pour retourner sur Colonia et prendre ensuite le bateau pour Buenos Aires.  

la petite "Mafalda", célèbre héroïne de bande dessinée argentine

    Lorsque nous arrivons à Buenos Aires, nous allons chercher notre petit ordinateur que nous avions, au préalable, emmené chez le réparateur. Bonne nouvelle, il va bien et veut bien se rallumer. Puis, nous rejoignons Pablo, notre hôte de warmshower et rentrons ensemble à vélo chez lui. Nous traversons quelques quartiers que nous ne connaissions pas, longeons quelques parcs et arrivons dans leur petit appartement du quartier de Villa Urquiza. Sur les 3 jours que nous passons à Buenos Aires, nous en passons pas mal consacré à notre départ pour Rome. Nous ne prenons malheureusement pas beaucoup de temps pour retourner se balader dans le centre touristique... Mais bon, comme on dit régulièrement : "On reviendra!".

    Les 3 jours défilent vite, nous dégustons quelques glaces, et Pablo a le temps d'organiser une bon asado (grillade) pour nous et quelques amis à lui! Dans cette soirée, nous continuons, pour notre grand bonheur, à apprendre l'art de la grillade argentine... Ca, oui c'est tout un art!! Et puis vient l'heure de l'emballage... Les vélos sont démontés, scotchés empaquetés... Les bagages sont préparés... Le taxi est commandé! A 8h pétante, le 7 avril nous voilà donc à rentrer toutes nos affaires dans la voiture qui nous emmène à l'aéroport. Nous faisons nos au revoir à Pablo et Magali qui ont été adorables et que nous espérons revoir en France pour leur  prochain voyage à vélo! 


    Ca y est nous sommes dans le taxi et pour ma part je suis en train de réaliser la fin de ce grand périple en Amérique du Sud... Une petite boule se forme dans mon ventre et je regarde défiler les bord de routes en me remémorant tous ces bons moments que nous avons passés sur ce continent. C'est la fin c'est sûr, mais ça annonce aussi le début d'une autre partie de notre vie. Et puis surtout, le voyage n'est pas terminé... L'Italie, que nous ne connaissons pas, et la France, que nous ne connaissons pas assez, nous attendent. Et il y a aussi tous ces gens que l'on a hâte de revoir et les nombreux nouveaux venus, des amis et de la famille, que l'on a hâte de connaître!!!

     "L'avion numéro X10240 à destination de Rome va partir, attention à la fermeture des portes, attention au départ!!!" Biiiiiiiip!!!! Ca y est c'est parti, nous nous envolons pour notre prochaine destination... Rome!

                                                                                                   ........................Dédé