Du rouge, du vert et du bleu..... et beaucoup de chaleur

    Notre séjour à Salta dura 3 grosses journées bien remplies et 4 nuits chaudes. Calor! Très rapidement, nous avons pu faire nos tâches bi-mensuelles: lessive, blog... Rapidement, car il suffisait de savoir une petite chose pour être efficace : une grande partie des magasins sont fermés entre 13h et 17h. C'est le rythme argentin auquel nous nous adaptons afin de trouver les petites choses nécessaires à notre entrée dans ce nouveau pays : adaptateur électrique, nouveaux t-shirts (c'était plus que nécessaire), nouvelle carte téléphonique et carte routière. Afin d'occuper nos après-midi où tout, enfin presque tout est fermé, nous déambulons dans les rues désertes puis nous nous réfugions dans un des bars ouverts près de la place principale.  Et c'est ici que nous découvrons nos première glaces argentine. Citron-Chocolat pour Audrey, Vanille-Dulce de leche pour moi.... Nous sommes vite devenu addict et devons nous retenir de ne pas en commander deux autres de plus.




   Le deuxième soir, nous retrouvons Gabriela que nous avions rencontré à Jujuy. Gentille, ouverte, taquine, elle nous emmène dans la rue animé des nuits de Salta, la rue Balcarce. Les bars sont au touche à touche. Les tables, les chaises et les parasols ont envahis les trottoirs et la chaleur nous oblige à nous hydrater au plus vite. Bières et pizza pour caler la petite faim. Nous passons une agréable soirée avec Gabi qui nous pose des tas de questions sur notre voyage. Elle aimerait voyager à vélo elle aussi, mais plusieurs choses l'en empêchent. Elle est prof d'éducation physique pour les enfants et ne semble pas faire beaucoup d'heure de travail. Sachant que le salaire minimum, en Argentine, est de 3000 pesos (soit 500€) et que la valeur de la monnaie fluctue du jour au lendemain, il est difficile pour elle de mettre de l'argent de côté. A cela, on peut ajouter les mesures de la présidente Cristina Kirschner qui a décidé de réduire les importations à son pays en taxant très généreusement les produits venus de l'étranger et rendant ainsi difficile de trouver certains produits de qualité. Ramon, chez qui nous logeons, et qui travaille dans un atelier de vélo, nous avait déjà expliqué que certaines pièces de vélo sont devenu difficile à trouver et il pense qu'à la longue cela pourrait affecter l'avenir de son travail. Du coup, trouver des sacoches et autres équipements pour voyager à vélo est devenu très cher et loin de la bourse de notre amie Gabi. Le lendemain, après avoir traîné toute la journée, nous la retrouvons le soir afin de faire une petite marche jusqu'au Cerro San Bernardo.

Vue sur Salta
 Il nous faut 3/4 d'heure pour gravir les marches jusqu'au sommet de cette colline qui nous offre une jolie vue sur la ville de Salta. Beaucoup monte jusqu'ici à pied, en courant ou à vélo . Dans les rues, les parcs, le long des axes routiers, on voit beaucoup de gens faire du sport. On sent que les gens vivent bien malgré les problèmes économiques qui perdurent et cela ne les empêchent pas de pratiquer leurs loisirs. Comme nous disait Ramon, les gens se sont habitués aux variations du peso et ne tombent pas dans l'excès ni la frénésie de l'achat. Avec un peu de débrouille, les gens vivent bien et simplement, nous dit-il!!! Sachant que nous partons le vendredi, Gabi essaie de nous convaincre d'attendre jusqu'à samedi où elle, et une amie, voudrait nous accompagner en vélo. Elle pense faire Salta-Cafayate en une journée... Seulement voilà, la distance entre les deux villes est à peu près de 200km et même si nous commençons à pédaler à 6h du main, cela nous semble trop pour nous et nos 40kg (plus ou moins) de bagages. Nous décidons donc de partir le vendredi et, elles, nous rattraperont dans la journée du samedi...


   C'est donc le 30 novembre que nous disons au revoir à Ramon, Silvina et leur petite fille de 18 mois, Dulce et les remercions pour leur accueil dans leur "casa de ciclista" de Salta. Nous nous engageons sur une nouvelle route, la 68, que nous ne quitterons plus jusqu'à Cafayate. Et dès notre sortie de Salta, la couleur est annoncé... Du bleu pour le ciel, et la chaleur qui va avec (38 en moyenne). Du rouge pour les panneaux nous annonçant notre traversée de la région des vignobles de Salta et de la "Ruta del Vino". Et du vert sur le bord des routes, dans les jardins des propriétés et dans les champs de culture de tabac. Ca nous rappelle Cuba, l'année dernière à peu près à la même époque... Les hectares de vigne font leur apparition et annoncent de futurs dégustations de vin. Après un petit détour pour voir le barrage de Cabra Corral et ses jolis paysages, nous filons vers Viña, prenant une petite glace en chemin. En cherchant un endroit où planter la tente, on nous conseille d'aller au complexe sportif de la ville où douches et sanitaires sont à notre disposition. Nous plantons donc notre tente à côté du terrain de foot et des barbecues, regrettant de ne pas avoir acheté de viande. Une prochaine fois!!! Pas encore assez familiarisé avec l'accent argentin, nous ne comprenons pas tout de suite qu'une compétition de foot est organisée le soir même pour les enfants. Du coup, à 19h30, se pointent quatre équipes de jeune avec supporteurs et sono... Nous, au milieu de toute cette agitation. Heureusement, les festivités ne dépasseront pas minuit.

Marcela, Gabi et Audrey

Audrey joue la maitresse
   Le lendemain, le soleil a laissé place à une toute petite pluie fine. Et c'est avec ce temps que Gabi et Marcela nous rejoigne. Elles sont partie de Salta le matin vers 5h30, sous la flotte, et ont déjà près de 100km dans les pattes. Gabriela a le sourire et après une demi heure, les nuages s'écartent afin de laisser passer les premiers rayons du soleil qui sauront se faire bien présent le reste de la journée. Nous roulons à quatre parmi un paysage à la géographie accidentée. Une végétation recouvre le flanc des montagnes où les nuages restent accrochés. Nous montons des douces pentes où la végétation verdoyante se mêle à la terre rougeâtre et où les cigales rompent le silence des lieux avec leur bruit strident. Pour déjeuner, nous nous arrêtons au village de Alemania où nous rencontrons une ribambelle de gamin venu passer une journée scolaire ici. Gabriela et Gabi travaillent toutes les deux avec des enfants et prennent rapidement les choses en mains et, en deux secondes, nous voilà entourés de paires d'yeux et d'oreilles bien ouvertes à qui nous expliquons notre parcours jusqu'ici à l'aide de notre globe terrestre gonflable. Les enfants sont intéressés et c'est avec plaisir que nous répondons à leur questions. Nous passons un agréable moment avant de reprendre les vélos et continuer notre chemin laissant, petit à petit, derrière nous la végétation. Un paysage aride, rouge et aux formations géographique curieuses s'offrent à nous et nous annonce notre entrée dans la Quebrada de las Conchas : La Vallée des coquillages. Nous suivons la vallée et son fin cours d'eau qui nous amène à la "Garganta del Dialblo", une faille géante qui coupe la montagne à la roche rouge symbolisant la george du Diable. Impressionnant! Nous croisons quelques formations rocheuses, qui avec un peu d'imagination, s'apparentent à un crapaud, un moine ou encore des châteaux. Et c'est après une nouvelle journée chaude et plus de 100km que nous arrivons à Cafayate. Ville noyée sous les vignes, avec en arrière plan,  une très belle chaîne de montagne aux magnifiques couleurs rougeâtres. Nous nous installons tout les quatre dans un camping désert mais où une douche chaude (et par les nuits fraîches, c'est agréable) nous attend. Exténués, nous tombons de fatigue!



    Le lendemain, Marcela nous fera goûter notre premier maté. Nous avions hâte que quelqu'un nous initie à cette habitude argentine très répandue. Les argentins en consomme très régulièrement. On rempli la calebasse de maté de yerba, la paille filtrante est plongé au fond du récipient avant d'y verser de l'eau très chaude. Lorsqu'on est entre amis, il est de coutume de partager le breuvage. On finit le contenu et on passe à son voisin qui rempli d'eau. Et gare à celui qui ne fait pas passer assez rapidement. Le gout est amer et s'apparente à une infusion très forte mais Marcela nous conseille de le boire avec du sucre pour apprécier la chose. Ce début de journée de repos commence donc par ce petit rituel... Enfin, la journée de repos ne sera pas si reposante que ça. Nous passons la journée sous le soleil à partir à la découverte d'une chute d'eau. Pour y accéder, 6km  de vélo et 1h30 de crapahutage à remonter le ruisseau sautant de rocher en rocher. On adore ça! La récompense est là avec une chouette chute d'eau et baignade rafraîchissante. 
Gabi et son poulet
De retour à Cafayate, nous ne manquons pas de visiter un vignoble, dit "Bodega", avec dégustation de vin pour finir. Comme par hasard, il n'y a que des francophones qui restent pour la dégustation... Verdict, ils sont excellents. Le blanc et le rosé sont assez fruité et servi frais. Ce qui nous satisfera d'autant plus par la chaleur ambiance. Nous goûterons ensuite trois rouges qui auront du corps mais sans que leur saveur ne reste trop en bouche malgré le fort degré d'alcool. On nous explique que généralement, les blancs et les rosés ont un taux d'alcool compris entre 12 et 15%. Entre 15 et 18% pour les rouges. Du coup, on est ressorti avec du blanc à la main et les joues bien rouge... Le soir, nous fêtons dignement nos au revoirs avec Gabi et Marcela, en faisant une "parilla", une grillade avec un poulet. Ouvert en deux, écartelée, citronnée et assaisonnée d'épices, la volaille passera de la grille du barbecue à nos estomacs en peu de temps. En guise de dessert, nous partons gaiement à un des nombreux glaciers du centre-bourg. L'un des plus connu est Grido. C'est un peu le fast-food de la glace. Les parfums sont variés et le double boules flan-dulce de leche est divin. Parlez en à mon estomac! 


   Au petit matin du 03 décembre, nous voyons repartir, en sens inverse, nos deux compagnes de vélo qui s'en retourne à Salta. Nous, nous quittons Cafayate et nous engageons sur la fameuse route RN 40. Celle qui relie La Quiaca (à la frontière Bolivienne) à Ushuaia. Enfin, nous roulons dessus et passons de beaux paysages. Un muret de pierre longe la route et marque la limite de propriété des bodegas. Derrière, les vignes ressemblent à une mer de grappes de raisin à peine formées où quelques têtes de cactus émergent. Mais vite, nous retrouvons un autre paysage, désertique. Et nous faisons connaissance avec nos premières grandes lignes droites qu'on nous avait tant décris. Droite et plate, la route file vers l'infini, le néant et la monotonie redoutée semble faire son apparition. Bon, c'est pas si pire qu'on le pensait! C'est vrai que ça n'a rien de très enthousiasment mais le fait d'être à deux nous aide pas mal et puis, les paysages ne sont pas moches et les kilomètres défilent plus vite. Ainsi, nous terminons notre journée de pédalage à Santa Maria où nous demandons au propriétaire d'une petite bodega si nous pouvons planter la tente à côté des vignes. Bien sur, pas de problème. Nous seront tout de même ennuyés par les chiens qui nous gueulerons dessus lorsque nous nous installerons et ils remettrons le couvert au milieu de la nuit m'obligeant à sortir de la tente et à les chasser à coup de pierre. Le tout vêtu d'un simple caleçon.... Bah oui, il fait tellement chaud que c'est quasi à poil que nous dormons!


Des bornes à quatre chiffres, ça fait peur.
   Le lendemain, nous continuons sur la RN 40 et faisons le plein d'eau avant de plonger vers un no man's land. Pas de villages ou même un petit rassemblement d'habitation n'est annoncé. Au sommet d'une petite montée, nous atterrissons sur une vaste plaine où nous décidons de manger nos sandwichs à l'abri d'une chapelle afin de nous protéger des rayons du soleil. Mais ce n'est pas du soleil que nous aurions dû nous méfier... Mais, plutôt du vent! En reprenant notre chemin, nous poursuivons sur une route plus droite et plate que jamais. Rien pour freiner ou stopper le vent qui nous souffle en plein visage. Un vent fort avec des rafales qui nous empêchent de dépasser les 12km/h et où il est difficile de ne pas descendre en dessous des 10km/h. Nous luttons contre cet élément invisible. Les mains cramponnées sur nos guidons, nous serrons des dents et poussons fort sur les pédales. Face à tant de force, nous nous relayons tout les kilomètres afin le premier puisse protéger le second des ardeurs de ce souffle qui commence à mettre nos nerfs à vifs. Mais, au bout de deux heures, je sens que mes forces s'épuisent. J'ai besoin de sucre, je suis mort de fatigue et une pause s'impose! En reprenant les vélos, nous distinguons au loin une silhouette. Nous plissons les yeux... Mais oui, c'est bien un cycliste! Nous le rattrapons petit à petit et finissons par le rejoindre au moment où il s'est arrêté près d'une maison isolé au milieu de ce rien qui nous entoure. Yvan est espagnol et vit à Barcelone. Il s'est réfugié à l'abri du vent dans une petite maison laissée à l'abandon et où l'odeur des volailles reste acceptable. Nous échangeons quelques mots et décidons de rester avec lui et de planter la tente à l'abri de la petite maison. Nous passons cette première soirée avec Yvan à échanger nos histoires de voyageur à vélo et nous félicitons d'avoir rencontré un nouveau compagnon de voyage comme lui. Cela ne fait qu'un mois et demi qu'il est en Argentine. Arrivé à Buenos Aires sans sacoches ni vélo, il a rencontré des voyageurs qui lui ont donné envi de rouler sur les routes du pays. Amoureux du vélo, il s'est débrouillé pour en trouver un à Salta et s'est dégoté des sacoches arrières et des tendeurs pour fixer son gros sac. C'est pas plus difficile que ça de commencer un voyage à vélo!!!



   Le lendemain, le vent est bien tombé et c'est à trois que nous continuons notre chemin. La journée passe tranquillement sous un beau soleil. La route redescend un peu, se transforme en piste poussiéreuse et nous amène, en fin de matinée, à la petite ville de Hualfin où nous nous y arrêtons quelques instant afin qu'Yvan fasse réparer son porte bagage arrière qui a cédé sous le poids de ses sacs. Un peu plus loin, les 14000km sont passés et nous immortalisons ce moment. Et oui, déjà... Mais il faut dire qu'on ne traîne pas. L'avantage des lignes droites et monotones, c'est qu'on s'y arrête peu et qu'on a vite envi de voir ce qu'il y a plus loin. Du coup, on avale pas mal de bornes! De plus, depuis notre passage de la frontière Bolivie-Argentine, nous avons pas mal descendu : de près de 3800m, nous voilà atterris à 1200m. Malgré le paysage désertique et aride, cela ne veut pas dire que c'est complètement moche et parfois, nous apercevons quelques montagnes qui émoustillent nos globes oculaires par leurs formes et leurs couleurs. Une fois de plus, nous terminons notre journée avec un bon kilométrage qui nous dépose dans le camping municipal de La Puerta de San Jose... Un patelin perdu au nord de Belen, la grosse ville du coin. Le camping est super beau, super bien, super propre et super pas cher: 20 pesos pour chaque tente (près de 3€50). Nous nous installons près d'un appentis où il y a électricité, eau, table et ... barbecue. Ni une ni deux, nous sommes d'accord tous les trois pour faire griller un bon morceau de viande rouge le soir. Malgré la petitesse du village, nous trouvons tout le nécessaire ainsi que 1kg500 de boeuf pour nos trois estomacs tout vides. 

   Le lendemain, le 06 décembre, nous rejoignons Belen et y restons un peu afin de régler quelques affaires sur le net tout en dégustant une glace. Et rien de mieux que les stations essence YPF pour faire tout ça! Aussi, en Argentine, il faut faire attention aux prix que certains petits commerçants nous font payer. Ils ont tendance à exagérer et nous devons leur faire remarquer que nous ne sommes pas dupe de leur petit manège. Pour le reste de la journée, je ne dirais qu'un chiffre : 47°C. Il fait tellement chaud  que nous quittons notre casque et le remplaçons par notre casquette imbibée d'eau. Les paysages sont restés les mêmes, la route est restée droite et nous nous arrêtons au milieu de rien dans le lit d'une rivière asséchée  Les 80km de cette journée m'ont rendu à l'état de larve. La chaleur m'a coupé l'appétit le midi et je paie le fait de ne pas m'être assez alimenté. Nous nous endormons comme trois gros bébés et décidons de nous lever tôt le lendemain pour rouler à la fraîche.


   Mais la chaleur, c'était hier et aujourd'hui le soleil a fait place aux nuages et à une petite bruine. Nous pédalons jusqu'à une enfilade de petit village où nous nous arrêtons car la faim nous à appeler bien avant midi. Nous trouvons refuge de la petite pluie fine qui est survenu chez un glacier. Le temps d'aujourd'hui n'est pas des plus approprié pour manger la glace tant rêvé hier mais nous ne savons pas dire non à l'appel de nos estomacs. Nous poursuivons notre route et rencontrons deux cyclistes. Seb, un suisse et Martin, un français. Ils se sont rencontré à Buenos Aires et comme ils ont le même parcours, ils voyagent ensemble. Rare sont ceux que nous rencontrons dans le sens inverse. Ce n'est pas la bonne saison pour remonter vers la Bolivie où la saison des pluies à commencé mais ils pensent remonter vers le désert d'Atacama au Chili avant de traverser le Sud Lipez.... Encore des fous... ou plutôt des courageux! Nous les laissons filer vers le Nord et nous, toujours accompagné d'Yvan, prenons notre temps dans cette petite ville où nous trouvons refuge chez Rosa qui tient une auberge et qui nous fera un café pour réchauffer nos corps. Le beau temps reviendra en fin d'après midi et avalons une vingtaine de kilomètres sur une nouvelle ligne droite déserte avant de tomber sur une structure en bois, où table en béton et banc en rondin de bois nous seront bien utiles. Le lieu est idéal et nous y plantons nos tentes et laissons Yvan se lancer dans la confection d'une petite sauce pour accompagner nos pâtes. Ail, oignon, purée de tomate, épice et... son secret: du "picadillo de carne". Une sorte de pâté en conserve. Fameux! Et merci à lui de nous avoir appris cette petite recette qui saura varié un peu plus nos futurs dîners  De notre côté, nous lui expliquons comment jouer  à notre jeu de carte favori : le "trou d'uc". Finalement, il s'avère qu'il connaissait ce jeu mais sous le nom espagnol "come mierda". 


   Le lendemain, nous avalons, à nouveau sous la chaleur, les 55km qui nous amène à notre ville étape Chilecito. La ville n'a rien d'extraordinaire mais l'hôtel que nous occupons est confortable, simple et pas trop cher. Cela nous suffit pour notre lessive et pour  nous reposer. Depuis 17 jours que nous sommes en Argentine, c'est le premier hôtel que nous prenons. Comparé aux autres pays traversé sur le continent, il est vrai que nous retombons dans des prix proches de ceux pratiqués en Europe. Mais, les nombreux campings au confort plus qu'acceptable sont une aubaine pour notre bourse de voyageur et jusqu'à présent, nous nous en tirons bien. De Chilecito, nous visiterons bien 3 glaciers différents autour de la place principale mais en ayant une préférence pour Grido qui fait de savoureux parfums. Nous passerons un dimanche de repos agréable où peu de gens sortent avant 17h. C'est très sympa de voir l’atmosphère changer complètement lorsqu'à 18h, tout le monde envahit la place, se rencontre, discute, mange des glaces... C'est le rythme argentin! Une fois le soleil et la chaleur passé, la vie reprend.


   Nous partons de Chilecito le lundi 10 décembre après avoir passé le dimanche tous les deux. Notre compagnon de vélo, Yvan, ayant préféré avancer un peu et trouver un camping dans les environs. Notre parcours de la matinée nous amène au pied d'une petite chaîne de montagne et de la Cuesta de Miranda. De là, nous faisons le plein d'eau en prévision de la chaude après-midi qui s'annonce et tentons de trouver des fruits, source de vitamines. Mais, tous les petits "kiosko" (petit magasin où l'on peut trouver le stricte nécessaire..) que nous rencontrons sur notre route n'en n'ont pas. Nous trouvons notre bonheur chez un particulier qui nous propose de cueillir directement les fruits sur son arbre. Sympa le type et super bons, ses abricots. Puis, très vite, nous changeons de surface de terrain et d'inclinaison de pente. Lorsque nous nous engageons sur cette cote, nous pénétrons doucement dans une vallée où le rouge des roches et de la terre de la piste est omniprésent.

 Le vert des quelques arbres ponctuent ce paysage Marsien et le bleu du ciel nous offre un contraste exceptionnel. La vallée se resserre puis la route grimpe en corniche sur le flanc des montagnes. Nous prenons un peu plus de hauteur et des 1000m d'altitude de Chilecito, nous montons jusqu'à 2000m. Sur cette route magnifique, nous faisons une pause devant une sorte d'autel où des dizaines, voir centaines de bouteilles en plastique remplies d'eau ont été déposées. 
Nous avions déjà vu ce type d'autel auparavant mais celui-ci est plus grand. Il s'avère que les argentins se sont mis à croire au miracle de la "Difunta Correa" tout comme ils croient à celui d'Antonio Gil, El Gauchito dont nous avions parler dans notre dernier message. Difunta signifie défunte et Correa est un patronyme. D'après la légende, Déolinda Correa suivit le bataillon où se trouvait son mari durant les guerres civiles de 1840. La fatigue, la faim et la soif eurent raison d'elle. Mais l'enfant qu'elle transportait avec elle survécu en tétant le sein de sa mère. C'est pour cela, qu'à chaque autel de la Difunta Correa, on trouve des bouteilles d'eau censées étancher sa soif. Louable est la croyance des gens mais dommage qu'elle provoque tant de pollution. Car derrière l'autel, c'est une rivière de bouteille en plastique qui jonche le sol. Bref, ça ne gâche rien à la suite de notre ascension. Le rouge et la chaleur, omniprésents, s'atténuent lorsque nous arrivons au col. Un vent nous y accueille et annonce une belle descente sur une large piste que nous dévalons à toute allure avant de rejoindre le bitume et un petit village où nous trouvons une boisson fraîche tant désirée. Assis à l'ombre d'un cabane, nous trouvons aussi Yvan... Nous ne pensions pas le rejoindre et cette surprise nous fait d'autant plus plaisir. Nous restons avec lui à discuter et reprendre des forces avant  de continuer notre chemin ensemble. Malheureusement, notre parcours commun s'arrête peu après. Lui, continue sur la route 40 afin de rejoindre San Juan. Nous, nous partons vers le parc national de Talampaya que nous aimerions aller voir. Et c'est au départ d'une nouvelle piste poussiéreuse que nous faisons nos aurevoirs. La fatigue de la journée et cette nouvelle piste faite de tôle ondulées nous ont mis KO. C'est au beau milieu de nul part, derrière quelques arbres aux épines menaçantes et de buissons secs que nous plantons la tente à l'abri du vent qui s'est mis à souffler. 


   Le lendemain, nous finissons de parcourir cette piste de terre et de poussière et rejoignons le goudron sur quelques dizaines de kilomètres afin d'entrer dans le parc de Talampaya, classé au Patrimoine Mondiale de l'UNESCO. Quelle bonne idée nous avons eu de venir sur ce site. Un peu cher mais pas de doute ni de regret, ça en vaut la peine! Juste avec deux espagnols, notre guide et le chauffeur, nous partons à la découverte de formations rocheuses et de canyons extraordinaires. Les falaises de gré rouge sont tellement haute (jusqu'à 170m) que nous nous sentons tout petit. De plus, le site est propice aux échos. Notre "hola" se répète jusqu'à 3 ou 4 fois dans les airs. On se croirait dans une bande dessinée de Lucky Luke où des indiens, en hauts des falaises, attendent le passage d'une caravane pour tendre une embuscade  Nous sommes conquis par la magie des lieux. Vraiment, ça déchire! Nous restons le soir même à l'entrée du site où il est possible de camper et où une douche fraîche nous fera le plus grand bien après une journée de plus sous le soleil.




     Nous repartons de ce lieu magnifique et prenons la direction de San Juan puis Mendoza. A partir de ce mercredi 12 et jusqu'à notre arrivée à Mendoza, il n'y a pas grand chose à dire vis à vis des paysages. Nous empruntons des routes toujours aussi droites et traversons des zones désertiques où seul la chaîne de montagne appelée "Valle fertil", sur notre droite amène un peu de distraction. C'est à partir de ce jour-ci, également, et durant les cinq jours qui nous amèneront à la périphérie de Mendoza que nous faisons 100km en moyenne par jour. Quelques rencontres ont marqué cette période telle que celle d'avec Jean-Philippe. En fin de journée, alors que nous traversons une petite ville, près de Villa San Augustin, et que nous cherchons de quoi nous restaurer, nous entendons un "Venez"... On nous parle en français, là!! Jean-Philippe est d'originaire de  Toulouse et s'est installé ici, il y a 4 ans. Ca collera super bien avec lui et nous acceptons son invitation à venir passer la soirée dans sa propriété. Quelques 100 hectares de friche aride au milieu de desquels il a construit sa maison, creusé un puit et fait faire venir l'électricité. A 7km du petit patelin où nous l'avons rencontré, il vit de ses économies, dans la tranquillité la plus absolue avec ses 11 chiens et sa copine. Nous passons un excellent moment avec lui et il nous explique la raison de cette chaleur journalière que nous subissons. Le thermomètre de notre compteur nous indique généralement un bon 35°C le matin et cela peut monter très haut l'après-midi : entre 45° et 48°. La faute à "El Zonda". A l'origine, ce vent chaud et sec provient des tempêtes sur le Pacifique. Il souffle vers l'Est, se heurte aux Andes puis dévale les pentes soulevant la poussière à son passage. Nous avons remarqué que l'horizon des paysages que nous traversons est parfois... brumeux. Et c'est donc ce phénomène météorologique qui nous amène une brise ou parfois des rafales de vent chaud en pleine figure. Comme nous l'avons parfois ressenti lorsque nous roulons, on a l'impression qu'un énorme sèche-cheveux nous souffle dessus. Pour nous, ça reste supportable car nous roulons et provoquons un peu d'air. Et, nous comprenons maintenant, pourquoi les Argentins font tous la sieste entre 13h et 17h. Parfois, c'est plus qu'une rafale de vent mais plutôt, une mini tornade qui traverse la route et nous oblige à nous stopper. 



   Nous nous hydratons beaucoup même si l'eau de nos gourdes est chaude. Aux heures les plus chaudes de l'après-midi, on pourrait se faire un thé avec! Nous faisons une deuxième rencontre au cours de ces cinq jours, c elle de 3 Argentins à vélo... Chris, Santi et Panchi. Hasard du voyage oblige, il s'avère que nous les connaissons indirectement car lors d'une conversation avec Adrien, sur Skype, il nous les avait présenté, roulant ensemble depuis quelque jours.

 Nous passons tout les 5 les heures chaudes de la journée à l'ombre, à boire des boissons fraîches et à parler de notre futur itinéraire. Chris a déjà un peu voyagé dans son pays et il nous conseillera sur la suite de notre parcours car nous nous posons beaucoup de questions pour savoir quoi faire après notre arrivée à Mendoza. Nous continuons notre route et nous approchons de la ville de San Juan où nous retrouvons des hectares de vignes. Avec Mendoza, ce sont les deux régions réputées pour leur excellent vin. Nous ne ferons que passer à côté de la ville. Malheureusement, on ne peut pas visiter toutes les régions viticoles du pays et préférons nous diriger vers celles de Mendoza. Afin d'éviter la circulation de la route 40 qui relie les villes de San Juan à Mendoza, nous bifurquons vers l'Est, nous éloignant également de la civilisation pour encore se retrouver isolé. Nous aurons droit à de chaleureux accueils de la part des locaux qui nous offriront un bout de pelouses afin d'y planter notre tente. Dans la journée du 17 décembre, nous arrivons enfin dans les environs de la ville de Mendoza mais nous ne nous y dirigeons pas tout de suite. Nous préférons trouver un petit camping près de la petite ville de Maipu où beaucoup de vignobles y sont concentrés et ainsi en visiter quelques uns avant de rejoindre Mendoza. Les longues journées précédentes nous ont fait avaler beaucoup de kilomètres et nous voilà déjà à passer le cap de 15000... Seulement 13 jours après les 14000! 


 
 Durant la journée du lendemain, nous partirons tard du camping, et roulons de petit chemin de terre en petit chemin de terre afin de visiter les bodegas. Enfin, on a surtout fait des dégustations. Nous verrons également une fabrique d'huile d'olive et trouverons un fromage de vache au romarin pas dégueulasse. Nous passons une journées tranquille parmi les vignes, les oliviers et beaucoup d'arbres fruitiers. La région est propice à toutes ces cultures : beaucoup de soleil, peu de pluie (juste 200mm par an qui tombent en deux ou trois fois...) et un système d'irrigation par canaux mis en place par les indiens Huarpe et amélioré ensuite afin d'apporter l'eau nécessaire à ces dizaines et dizaines d'exploitations. L'eau venant directement des neiges des Andes. Cette balade a été très sympathique et c'est très joyeusement que nous sommes allés vers la grande ville de Mendoza afin de rejoindre Héctor et Victoria qui nous accueillent chez eux grâce au site de Warmshowers. Nous y rencontrons également Johann et Marie, deux Suisses de Lausanne  qui voyagent depuis 17 mois. Ils sont partis de l'Alaska et descendent jusqu'à Ushuaia. Et nous voici donc dans un petit appartement, à cohabiter tout les six! Ca fait plaisir de rencontrer des gens comme eux, nous profitons de la gentillesse des uns et des autres et passons de bons moments. Nous pensons rester quelques jours à Mendoza avant de filer pour de nouvelles aventures dans un autre pays... Le Chili!

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Quand les Ding'O guidoN délirent....

   Quoi? Déjà un nouveau message que vous vous dites. Et bien, non! On voulait juste partager avec vous le petit délire d'un petit film.
Durant nos journées sur la route à pédaler comme des dingues, il faut parfois s'occuper l'esprit. Et ça chauffe tellement dans nos petites têtes qu'il en sort des idées loufoques avec un brin de nostalgie. Il faut savoir que les beaux paysages de Bolivie et les longues journées de pédalage nous ont émoustillé nos esprits créatifs mis en sommeil depuis trop longtemps. On a besoin de faire quelque chose d'autre que d'avaler les kilomètres, il nous fallait un truc de plus pour nous motiver à avancer...




   Avez-vous reconnu la musique de ce générique de série américaine qui a été diffusé à la télévision française dans les années 80? Les jeunes ne connaissent certainement pas! Et les vieux comme moi, savent que ces "trop" jeunes ont raté quelque chose...

Bisou à tous de Chilecito, au fin fond de l'Argentine.

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