Repos et bonne bouffe!

    Nous voilà donc installés pour tout le mois de juin chez Maria Andréa et Dani. Leur appartement se situe dans les hauteurs à l'Est de la ville dans une tour quasi neuve. Un appartement donc tout mimi, une belle cuisine et un salon où nous installons notre matelas tous les soirs.... On est bien ici!! Notre ancienne vie de sédentaires nous manque un peu, pouvoir cuisiner, se couchez dans un vrai lit tous les soirs sans avoir besoin de demander l'hospitalité, se reposer quoi! On en a donc profité à fond pendant ce mois!

Nos amis colombiens...
    Ce message, je vous préviens va avoir une très grosse tendance culinaire. Culinaire car comme on vous l'a écrit auparavant : la bonne bouffe nous manque!! Tout ce que l'on ne peut pas faire pendant le voyage en itinérant, tous nos "rêves" de bouffe vont pouvoir se réaliser... Régulièrement, sur le vélo, avant d'arriver à Bogota, on s'imaginait cuisiner de bon petits plats : tartes salées, sucrées, bons petits déj' avec une petite baguette, du poisson, une quiche lorraine, une tartiflette... j'en passe et des meilleures!!! Bref on est en manque c'est clair!!

    En plus ce qui est génial en Colombie, c'est que ce pays regorge de spécialités qu'il ne faut sous aucun prétexte louper... Oui, oui, notre culture culinaire est en jeu! Une longue liste a donc été élaborée par nos amis colombiens avec des noms pour le moment inconnus au bataillon : comme la lechona, la cuajada con melado, le tamal, la fritanga, l'ajiaco et la liste ne s'arrête pas là biensûr! Nous devons donc pendant ce mois relever le défit de : goûter à tous ces plats ou desserts traditionnels, cuisiner nos petits plats français préférés dans le but de prendre des forces, un peu de poids et surtout de faire plaisir à notre palais! Pendant la première soirée, nous avons donc préparé ce qui nous manquait tant : une TARTE!! Poireaux, saumon avec la pâte faite maison... petite salade pour accompagné le tout avec sa petite vinaigrette balsamique...mmm... les petits plaisirs simples de la vie!!! 


    Les premiers jours s'enchainent rapidement avec une petite visite du quartier où ils habitent, mais surtout, repos et écriture du message pour Laurent qui en a eu à écrire! Nous nous plaisons aussi a aller faire des courses dans l'un des grands supermarché de Bogota : Carrefour! A prononcé à l'espagnol biensûr!! Carrefour est en effet largement implanté en Colombie et on peut, à notre grand bonheur, trouver des produits français de toutes sortes. On se fait donc plaisir, en commençant par du bon pain, du camembert, de la moutarde de Dijon, du vin... Les prix sont par contre un peu plus chers qu'en France mais quand on aime on ne compte pas!!! On est aussi partis à la découverte des fruits exotiques colombiens : il existe en effet quelques supermarchés réservés aux fruits et légumes. On peut donc y trouver de tout là-bas et nous décidons de tester des fruits rares comme le nispero,le zapote, la pitaya, la papayuela, la granadilla, la chirimoya, l'anon... Toute une série de fruits que je vais essayer de répertorier dans la rubrique Méloko en essayant de vous décrire le goût et la texture.

    Le premier vendredi passé à Bogota, nous le passons à cuisiner italien! Maria Andréa et Dani ont organisé un repas à l'appart, une sorte de pendaison de crémaillère avec les cousins de Dani. Et Dani, qui aime cuisiner a décidé de se lancer à faire des tortellinis (sorte de raviolis repliés sur eux-même). On est donc bien occupé à l'aider... Aussi, pour le dessert, nous décidons de faire une tarte tatin. Comme nous l'avions si bien réussi au Mexique, nous décidons de retenter le coup. Cette fois, un peu trops sûrs de nous, on laisse cramer le caramel ce qui en fait une tarte au goût un peu plus amer et imprésentable! Heureusement, gourmands comme on est, on avait décidé d'en faire deux et la deuxième a été un peu mieux réussie! Le repas est délicieux et les invités rassasiés ne veulent que peu de tarte... La deuxième tarte est donc servie et notre réputation sauvée! Ouf!! Après cette grosse bouffe, nous enchainons les repas de famille pour le weekend! Nous commençons par aller chez les parents de Dani pour le samedi.


    Le dimanche matin, à Bogota c'est la Ciclovia. La Ciclovia permet à quelques routes, pendant la matinée de tous les dimanches et jours feriés, d'être fermées à la circulation et ouvertes aux piétons, rollers et cyclistes. Nous en profitons donc pour sortir nos petits vélos et visiter un peu la capitale colombienne. Nous choisissons de visiter le quartier d'Usaquen, un quartier de Bogota qui a gardé son charme avec ses maisons basses, sa petite place. Aussi, tous les dimanches, des marchands s'installent dans les rues pour y vendre de l'artisanat, des produits régionaux... En passant devant un stand, nous entendons quelqu'un nous parler en français. C'est un français originaire de Pont Saint martin (en Loire Atlantique) qui s'est installé depuis longtemps en Colombie. Au début il y donnait des cours de français puis un jour a décidé de se lancer dans le pâté!! Changement d'orientation assez radicale, mais sa petite entreprise fonctionne bien, il vend même sont pâté à Carrefour et, Carulla et Exito, deux supermarchés rachetés par Casino. On discute donc avec lui tout un moment tout en dégustant son pâté de foie aux différents goûts. En tous cas, ça tombe bien, on ne savait pas quoi manger!! Nous terminons ensuite notre petit tour dans Usaquen et continuons sur la ciclovia... Avant de rentrer chez nos amis, une bonne grosse côte nous attend... ça faisait longtemps!


De droite à gauche : la maman de Maria Andréa, Daniel,
 Maria Andréa, Emilio, son papa et Nicolas.

 De retour à l'appart, c'est chez le père de Maria Andréa que nous allons pour le dimanche soir avec toute sa famille réunie! On fait donc la connaissance de tout ce petit monde. Maria Andréa a 1 grand frère, Daniel, et 2 "petits" frères, Nicolas et Emilio. Ce soir là, c'est barbecue et Daniel s'occupe de faire griller des énormes morceaux de viande... On va s'en mettre plein le bide... La viande est délicieuse et accompagnée de bon vin, que demander de mieux! Aussi l'ambiance est vraiment sympa et un des amis de Nicolas commence à chanter quelques chansons tout en jouant de la guitare. Nous apprendrons plus tard qu'il venait juste de participer à unemission de télé-réalité (genre La Nouvel Star) avec un niveau assez impressionnant. Des chansons d'amour que Maria Andréa et sa maman reprennent en coeur... une bonne partie de rigolade. Ils commencent alors à fredonner une chanson de Francis Cabrel version espagnole : "La quiero a morir" et nous voilà obligés de s'y mettre dans le version française : "Je l'aime à mourir"! Aucune excuse de ne pas connaître les paroles, les Iphones sont là pour nous les donner!



Dans la Candelaria...



    Notre mission suivante à Bogota a été de trouver des magasins de montagne afin d'acheter ce qu'il nous manquait et éventuellement trouver une tente. Nous avons donc, avec Dani, silloné un bonne partie de Bogota mais sans succès pour la tente. Nous en avons donc commandé une sur internet et l'avons fait livrer en France pour que mes parents, qui viennent nous voir au Pérou, nous la ramènent.

     Le 13 Juin, nous décidons enfin de visiter le centre de Bogota et le quartier historique de la Candelaria. La Candelaria est le coeur colonial de Bogota. Il est très agréable de se balader dans ses rues pavées et d'admirer les maisons coloniales aux patios plein de charme. A peine arrivés, une patisserie française se trouve sur notre chemin... comme de par hasard. Autant vous dire : impossible de résister aux croissants aux amandes et pains au chocolat! Nous continuons en arpentant les rues du centre et en passant par l'inévitable place Simon Bolivar. Autour de cette place se concentre, le palais de justice, la mairie et le Capitolio national (le Parlement) et un nombre incroyable de pigeons et même 2 lamas, ils ont dû se perdre ceux là!!!


Mona Lisa façon Botero
    Deux jours plus tard, nous repartons en amoureux à la visite du centre de Bogota. Mais nous nous concentrons plus sur la Fondation Botero. Fernando Botero est sûrement l'un des artistes colombiens le plus célèbre. Son style se caractérise par l'obésité de ses personnages peints ou sculptés. L'artiste a donné un grosse partie de sa collection à la fondation en échange d'un musée gratuit au public. On peut aussi y admirer quelques tableaux de l'époque impressioniste. A 16h, c'est le moment d'aller voir la relève de la garde colombienne. Tous les mercredis, vendredis et dimanche, à 16h les militaires font leurs shows de trompette, tambours et xylophone dans un défilé jusqu'au palais présidentiel. Les colombiens sont, c'est clair, plus décontractés que les anglais!!


Sur la place Simon Bolivar
La relève de la garde

    Pour continuer sur le thème de la bouffe, nous avons été invité chez la maman de Maria Andréa pour un "gouter" à déguster des arepas avec un chocolat chaud. Le chocolat chaud servi en Colombie ressemble à celui testé en Amérique Centrale. Il est sucré et parfumé à la cannelle. Les arepas sont des galettes réalisées avec de la farine de maïs. Plus épaisses que les tortillas elles se font cuire sur la gazinière. Nous avons également goûté des almojabanas. Ce sont des petits pains ronds à base de farine de maïs et de fromage frais. Avec tout ça, une petite omelette aux longanizas (saucisses) et quelques morceaux de fromage que les colombiens ont l'habitude de laisser fondre dans leur chocolat chaud... Etrange non?? On a donc testé cette coutume un peu incompréhensible à nos yeux et... Non, pour nous rien de tel qu'un vrai chocolat! Bizarres ces colombiens!!!


    Pour le petit déjeuner suivant, nous avons goûter un petit déjeuner typique pour un dimanche matin : le tamal. Nous avions déjà goûté le tamal au Mexique mais il se présentait légèrement différemment. Le tamal colombien serait originaire de la région du Tolima, c'est une pate réalisée à base de maïs dans laquelle on y rajoute un accompagnement à base de poulet, carotte, pois chiche, oeuf. Le tamal est cuit dans une feuille de bananier et servi chaud, la pâte est plus molle que ceux goûtés au Mexique. En Colombie il est normal de manger ce plat salé avec un chocolat chaud. Pour nous, il y avait en plus des croissants et du jus de mandarine! Autant vous dire qu'on ne ressort pas avec la faim!


    Entre ces gros repas qui tiennent au corp, nous essayons de garder la forme en allant faire un peu de sport au gymnase de leur immeuble ou de sortir les vélos lors des jours de la ciclovia. Le lundi, nous voilà donc partis à vélo sous le soleil en direction du grand parc de Bogota : le parque Simon Bolivar. C'est un parc très bien aménagé où les bogotanais viennent passer le week-end au vert. Un petit lac permet de faire un peu de barque, des étendues de pelouses pour jouer au foot et autres loisirs de plein air. Les colombiens y viennent en famille ou entre amis, amènent une petite toile de tente pour entreposer les affaires, faire la sièste... On assiste donc dans ce parc à une exposition de toile de tente! Au programme pour nous un peu de jonglage, lecture, croquis... 


    La soirée du 19 a été consacrée au Japon et surtout à ses makis... Dani est en effet un expert en bouffe japonaise. Il avait même en projet, avec l'un de ses amis, d'ouvrir un resto  japonais... Un projet finalement tombé à l'eau. On avait déjà pû profiter de ses talents culinaires à Paris, il nous fallait refaire ça en Colombie! Dani a donc passé une partie de l'après-midi à préparer le riz, mijoter les gambas avec que des choses très bonnes, coupé le poisson, etc...Tout a été ensuite prêt pour que ses apprentits (c'est-à-dire nous) s'exécutent à la tâche. Les makis sont des rouleaux composés d'une feuille d'algue, de riz collant, et au coeur de ça, un peu de poisson, de légumes ou de fruits. Le rouleaux est ensuite coupé en 8 pour former des bouchées appétissantes. Nous voilà donc à faire parler notre créativité en mélangeant les saveurs... Un vrai petit jeu manuel qui nous plait bien! Au boût de 20 rouleaux réalisés, il était temps que les invités arrivent pour nous aider à manger tout ça!! Une bonnne soirée passée avec le frère et la soeur de Dani et qui s'est terminée par un petit digestif colombien : l'Aguardiente! Cet alcool à base d'anis qui pourrait ressembler au pastis se boit pûr! Rassurez-vous le degré d'alcool n'est que de 24°!



    Au matin du 20 Juin, nous partons avec Maria Andréa, Dani et Emilio (le petit frère de Maria Andréa) à quelques heures en voiture au Nord de Bogota jusqu'à une petite ville charmante du nom de Villa de Leyva. Nous prenons donc la route en direction de Tunja. Et, sur notre chemin, nous passons par le célèbre pont de Boyaca. C'est là-bas où c'est déroulé la dernière bataille de l'indépedance de la Colombie. Autour de ce pont qui ne paye pas de mine, c'est donc l'armée des indépendentistes mené par Simon Bolivar qui a battu l'armée espagnole le 7 Août 1819. Les cinq pays libérés ont aujourd'hui leurs drapeaux qui flottent sur ce site : la Colombie, le Vénézuela, la Bolivie, le Pérou et l'Equateur.


    Nous décidons de continuer ce petit cours d'histoire en se dirigeant un peu plus au nord vers le Pantano de Vargas. La route nous mène proche de la petite ville de Paipa au bord du lac de Sochagota pour un déjeuner en terrasse très agréable! Le paysage est très beau dans la région et on en profite. Le monument de bronze du Pantano de Vargas est impressionant. Les sculptures sont très expressives et on sent la puissance des troupes à chevaux qui ont vaincus les espagnols.
 C'était en juillet 1819, quelques jours avant la bataille du pont de Boyaca. Après ce petit détour culturel, il est temps de se diriger vers Villa de Leyva. Nous quittons la route principale et roulons dans les routes de montagne. Le paysage est vraiment joli. Dani nous explique que l'on va passer le village où la consommation de bière serait la plus importante du pays... Et quelques instants avant d'arriver à ce village, alors que l'on prenait un virage sur la gauche, une voiture qui arrivait en sens inverse continue sa course tout droit et nous percute à l'arrière. Nous nous arrêtons directement alors que la voiture s'échappe, impossibe de la rattraper! Heureusement, la belle voiture du papa de Maria Andréa n'a eu qu'une égratignure, rien de trop méchant! A se demander si le conducteur n'était pas un de ces consommateurs...

    Nous arrivons finalement de nuit à Villa de Leyva. Ce petit village colonial aux rues pavées, éclairé de lampadaires à la lumière jaunâtre nous a directement paru très sympatique. Un petit resto et une bonne nuit à notre charmant hôtel, et nous voilà partis à la découverte de cette petite ville. Villa de Leyva, fondée en 1572 dans la vallée de Saquencipa, est classée au patrimoine historique national. C'est en effet un des sites coloniaux les plus anciens de Colombie. Les maisons sont blanches, les menuiseries en bois sont souvent peintes en vert foncé, et les toits sont faits de tuiles. La place principale gigantesque est entièrement pavée et possède en son centre une petite fontaine. Cette petite ville respire le calme et il fait bon s'y promener. Pour le midi, notre culture culinaire s'est poursuivie par la dégustation de la fritanga. Ce plat de viande est composé de longanizas (saucisses), de morcillas (boudin au riz), de viande grillée à la llanera (c'est-à-dire que la viande est embrauchée sur un grand pic devant le feu d'une grande cheminée), de chorizo, avec en accompagnement des patates criollas (petites patates rondes cuite avec la peau), des bananes plantains et du yuca. Avant ça, nous avons goûté à 2 soupes typiques : le cuchuco et le mondongo. 





    L'après-midi, nous avons repris la voiture pour aller visiter les alentours de Villa de Leyva. Au programme, nous nous sommes baladés autour des "Pozos Azules". Ce sont sept lagunes artificielles situées au milieu du désert de la vallée de Saquencipa. La particularité de ces lagunes est leur couleur bleutée étonnante. Cette couleur serait dûe à la composition calcaire des anciennes roches marines. Nous continuons notre petite visite par deux vignobles colombiens. D'abord, une propriété de moins d'1 hectare qui font du rouge, du blanc et du vin de feijoa, un fruit colombien. Puis nous avons visité une propriété un peu plus grande qui font du vin rouge qui ressemble plus au vin que l'on peu trouver en France... Mais bon, il faut être honnête, ça n'a pas la qualité d'un bon bordeaux... On peut cependant pardonner les colombiens, les saisons n'existe pas en Colombie et ça doit influence directement la qualité du vin.


Les longanizas
de Sutamarchan
Raquira
     Le lendemain il est déjà l'heure de prendre le chemin du retour. Nous nous arrêtons tout d'abord au village de Sutamarchan. Ce village est Le lieux où manger de la longaniza. De nombreux endroits en fabrique et ont leur propre restaurant. Cette saucisse avec peu de gras est parfumée aux herbes et c'est un délice. Nous passons ensuite par le village de Raquira qui est connu pour sa poterie et son artisanat. Un petit arrêt sympatique où les maisons ont été repeintes de couleurs variées. Puis sur le chemin du retour, nous nous retrouvons sur la même route que lorsque nous sommes arrivés sur Bogota à vélo. Un trajet fait en 1 jour et demi à vélo nous le faisons en quelques heures... Mais, avant d'arriver à la capitale, nous faisons un dernier arrêt à l'entreprise du père de Maria Andréa. Celui-ci dirige une entreprise de charbon. En effet, la région entre Ubaté et Zipaquira contient plusieurs mines de charbon. Le charbon passe d'abord dans une machine qui le broie pour en faire de la poussière. Ensuite, cette poudre est introduite dans des fours énormes où elle est brûlée pendant 48h. Ce qui est extrait après ce procédé est finalement destiné à l'exportation et est utilisé pour faire de l'acier dans la construction. Vraiment intéressant d'apprendre tout ça...


le charbon est broyé...
...puis il est brûlé à l'intérieur de ces grands fours.


    Les jours suivants à la capitale nous les passons à pas mal marcher dans la ville. Il fait bon et nous en profitons. Nous allons également voir le Monserrate. Bogota est une ville toute en longueur bordée à l'Est par une montagne. Le Monserrate est un monastère situé à 3200 m d'altitude sur cette montagne. Il est possible d'y grimper à pied, de prendre un funiculaire ou un téléphérique (pour nous ce sera la dernière option). Depuis ce lieu, une vue magnifique sur la ville de Bogota s'offre à nous. La ville, 600 m plus bas, nous parrait vraiment immense et c'est sûr, elle l'est!!





    Il est aujourd'hui bientôt l'heure de partir de cette ville. Nous allons, vendredi, reprendre nos petits vélos et continuer notre route par Manizales, la région du café, Cali, Popayan puis on arrivera déjà en Equateur!! Mais avant d'enchaîner trop de kilomètres, après notre première journée de vélo, nous nous poserons pour un petit weekend à la campagne. Les parents de Dani ont une maison de campagne à Villeta (qui se trouve sur notre route). Nous retrouverons donc nos amis là-bas pour passer un dernier weekend en leur compagnie avant de poursuivre notre route...


                                                                                                                 .........Dédé

De Cartagena de Indias à Santa Fe de Bogota: 1167km


  


   Nous débarquons donc le mercredi 16 mai sur le continent de l'Amérique du Sud dans le port de Cartagena de los Indios. On nous en avait dit que du bien et nous n'avons pas été déçus. Sous les conseils de Mélanie, nous nous installons dans la partie authentique de la vieille ville entourée de ses remparts. Cartagena est magnifique et l'histoire de la fondation de cette ville est si riche qu'il serait trop long de tout raconter... Mais, l'arrivée des Espagnols en 1501, son emplacement stratégique et géographique afin de ramener d'inestimable richesse au royaume d'Espagne, la construction de ces remparts, les innombrables attaques des corsaires et des pirates comme Francis Drake et l'histoire de son indépendance en font une ville incroyable. On a adoré s'y promener, s'y perdre et s’y retrouver. Les façades décrépites des bâtiments font face à d'autres, rénovés aux couleurs ocres et de toute une gamme de pastel. De nombreux patios sont libres d'accès et nous ont offert leurs charmes. La chaleur, la musique et cette ambiance particulière nous a rappelé un peu le quartier de Casco Viejo à Ciudad de Panama qui lui nous rappelait déjà l'ambiance de La Havane à Cuba. C'est donc dans ces conditions que nous avons pratiqué nos activités préférées: découverte et dégustation des mets locaux... ainsi que de laisser passer le temps dans les petits parcs de la ville parmi les joueurs de carte, les vendeurs de jus de fruits frais et les colombiens venus déguster une des bières du pays: Aguila ou Club Colombia. L'ambiance de l'hotel était très conviviale. Nous y avons rencontré une belle brochette de français ainsi que Carolina et Julian, deux argentins. Julian peint les murs de l'hotel en échange du logement et son style est vraiment sympa. 



A l'hôtel de Cartagena



Ca, c'est de la belle route!
La famille de Gloria
  Nous sommes donc rester 4 jours et c'est au petit matin du dimanche 20 mai que nous nous sommes élancés vers la capitale. Au programme, 1000 km de route... Plus ou moins! Nous faisons un petit tour qui suit les remparts de Cartagena puis nous voilà partis pour longer la côte et remonter vers Santa Marta (+/- 200 km). La route est parfaite: toute neuve, toute plate, toute large et avec un grand bas côté. On se dit que ça ne durera pas, qu'elle n'est là que pour desservir les luxueux hôtels en sortie de la ville mais finalement, elle continue. Ce sera du bonheur de rouler dessus malgré la petite pluie qui a sonné notre départ. Dix jours que nous n'avions pas pédalé et mine de rien, ça nous manquait. Du coup, on avale les kilomètres. Pour synthétiser nos 4 premiers jours en chiffre, je dirais: 90, 109, 99, 104. Non, ce ne sont pas les nouvelles mensurations d'Audrey mais le nombre de km par jour... Et pour terminer cette première journée, nous nous arrêtons dans une petite ville sur la côte au nom de Santa Veronica, où nous profitons une dernière fois de la mer des Caraïbes avant de partir à la rencontre de l'hospitalité des Colombiens. Gloria s'est demandé pourquoi nous nous sommes arrêtés devant sa maison, si ce n'était pas pour vouloir l'acheter. Après nous être présenté, elle nous invite à planter la tente dans son jardin. Elle nous ouvrira sa cuisine également où nous passerons pas mal de temps à discuter avec elle et 3 de ses petites-filles. Gloria parle doucement et en articulant bien pour que nous comprenions. Ce premier contact s'est avéré très prometteur pour la suite.



   Le lendemain, nous nous dirigeons vers la grande ville de Barranquilla. La ville est connu pour son carnaval qui serait le 3ème plus grand carnaval après Rio et Venise... Mais bon, on arrive bien en retard par rapport aux festivités et essayons de trouver la deuxième attraction de la ville. Une statue de 5 m de haut de... Shakira (pour ceux qui ne savent pas qui est Shakira, je vous invite à la Googleliser). Je ne savais même pas qu'elle était Colombienne et encore moins d'origine de Barranquilla. A peine rentrés dans la ville, les gens a qui nous demandons notre chemin nous conseille des rues à ne pas prendre ou celles où il ne faut pas s'arrêter. Bref, on s'est tout de même arrêter afin de faire quelques courses dans un grand super marché et c'est ainsi que nous avons découvert la nature des Colombiens! Celle que nous rencontrerons à plusieurs reprises : Curieux, ils sont 4 ou 5 à nous entourer après que l'un d'eux ait osé s'approcher pour nous questionner sur ce que nous faisons ici avec des vélos. Fiers de leur pays, ils le revendiquent en regardant nos petits drapeaux que nous avons collé sur le cadre des vélos et nous demandent (très souvent par la suite aussi) ce que nous pensons de la Colombie. Généreux, le vendeur de jus de citron a qui nous avions acheté deux verres de jus bien frais, nous resservira gracieusement et nous donnera des glaçons afin de rafraîchir l'eau de nos gourdes qui on bien chauffé au soleil. L'eau du robinet, dans cette partie Nord du pays, n'est pas très bonne pour nos petits estomacs. Nous l'avons constaté après un essai à Cartagena... peu concluant! Après nous être un peu perdu en voulant sortir de la ville et remis sur le droit chemin par un gars super gentil qui nous a conduit en vélo à travers des petites ruelles, nous passons le grand pont qui enjambe la rivière Magdalena et pénétrons dans le département du même nom. Le paysage est assez atypique: sur notre droite la plage, la mer et sur notre gauche, une grande zone marécageuse qui est lié à la Ciénaga Grande de Santa Marta qui comprend un système de lagunes reliées entre elles par des canaux.
  
 La journée est chaude et nous avons envisagé de dormir sur la plage mais après ces 109 km, nous atterrissons à un péage où beaucoup d'activités autour de la route et de la pêche se sont développées. Nous voyons même un gars revenir de sa pêche avec un petit requin à la main et une petite raie sur l'épaule... Finalement, on ne nous conseille pas de camper sur la plage. Trop de gars qui fume des pétards! Et nous nous dirigeons donc vers un resto qui offre des "cabañas" sur pilotis pour 20000 pesos soit 9€. Propre et vue sympa sur le " lagon" où les pêcheurs de crevette installent leur filet pour la nuit. Le patron nous apprend qu'ici, on fait de l'huile de requin... contre la toux! Bref, nous restons dans cet endroit simple, pas touristique pour un sous et pas cher afin de se reposer de cette grosse journée avant de reprendre la route le lendemain.

Pêcheur installant son filet!

Au loin, la Sierra Nevada

   Nous repartons et quittons peu à peu la côte pour nous diriger droit vers la Sierra Nevada de Santa Marta et rencontrer la route principale 45 qui relie la ville de Santa Marta, sur la côte, à Bogota. Nous ne ferons pas de détour pour voir la ville de Santa Marta malgré l'attrait très intéressant du parc Tayrona et de la fameuse cité perdu qui semble être LE truc à faire. Ce sera, ça aussi, pour une prochaine fois. Donc, nous laissons notre belle route qui longeait la côte pour emprunter cette route principale un peu usée et un bas côté moins large qui ne nous permet pas de rouler côte à côte. La route reste plate et les kilomètres défilent à travers des zones bananières et longeant les magnifiques montagnes de la Sierra Nevada sur notre gauche. Puis après un bref arrêt dans la ville d'Aracataca pour déguster un rafraîchissant jus d'orange, nous nous sommes perdus au milieu d'une palmeraie. Et c'est au bout de 99 km, alors que nous pensions chercher un endroit où dormir que nous rencontrons Yeisson près d'une petite ville appelée Santa Rosa de la Lima. Curieux, son ami Arold et lui, nous demande où nous allons, d'où nous venons et où est ce que nous allons dormir ce soir. En ce qui concerne la dernière question, ils partiront avec leur moto demander à la mère de Yeisson s'il serait possible de planter la tente dans la cour de leur propriété. Ce sera un oui! Audrey part sur la moto avec Arold alors que Yeisson prend son vélo pour me guider à travers les ruelles en terre de la petite ville, nous faisant bien remarquer au passage par tout les habitants. On sent qu'il est fier d'accueillir des étrangers chez lui et de le montrer à tout son voisinage. Nous plantons la tente dans la cour parmi les poules et les dindons. 

Arold et Yeisson
   
La maison est des plus ordinaire et rudimentaire. On rencontre sa maman, ses frères et sa sœur mais on passe surtout du temps avec lui et Arold. Comme d'habitude, ils nous mettent à disposition le peu qu'ils ont afin de nous laver et cuisiner. Yeisson a 21 ans mais il est vraiment très mature et nous explique que nous n'avons rien à craindre ici. Mais, que 4 ans auparavant, il n'aurait pas pu nous accueillir car un groupe paramilitaire qui était dans les montagnes alentours nous aurait pris pour des espions... Nous ne comprenons pas vraiment de quelle groupe paramilitaire il s'agit et leurs buts, nous l'écoutons et observons les fissures de sa maison qui ont été provoqué par des bombes. Sachant qu'il se lève tôt le lendemain pour aller travailler dans les champs, nous échangeons mail, numéro de portable et adresse Facebook avant d'aller dormir. Bah oui, ils sont un peu isolé mais reste à la page technologique. Ils sont surtout fans du téléphone portable les Colombiens, et souvent, nous nous retrouvons à échanger notre numéro de téléphone avec une personne rencontrée 5 min avant. 

  Le lendemain, nous disons au revoir à la maman de Yeisson et retrouvons la route 45, nos camions, la chaîne de montagne à notre droite et de grandes prairies sur notre gauche. Tout est là, rien ne manque! Nous pourrons donc rouler pour notre 4ème journée consécutive avant d'arriver à La Loma. Nous nous y arrêtons et prenons une petite chambre d'hôtel avec air conditionné. Et on n’hésite pas à s’en servir tellement il fait chaud ces derniers temps (40° en milieu de journée). Nous y restons également la journée du lendemain. La Loma n'a pas d'attrait touristique, c'est une grosse bourgade et nous nous amusons à nous mêler à la population assez surprise de voir deux étrangers dans leur ville. Nous partons à la recherche d'un atelier qui nous prête une scie à métaux et de quoi bricoler un truc afin de réparer une armature de la tente qui a encore céder... Chose faite, notre programme de la journée a été de faire des courses, de déjeuner et de se reposer. 


et de 8...
   Le lendemain, le 25 mai, la journée a commencé par une crevaison alors que nous n'avions pas fait un mètre. La route est toujours plate et les bas côté peu large. Les montagnes se rapprochent de nous. Belles, vertes et coiffées de nuages, c'est un plaisir pour les yeux et, souvent, nous nous émerveillons de la beauté du paysage. En début d'après-midi, nous atteignons les 8000 km: petite photo à la con et nous repartons! A notre habitude, nous nous arrêtons, un peu avant de chercher un endroit où dormir, pour faire des courses pour le soir et acheter des fruits et légumes frais. La pluie nous amène jusqu'à la ville de Pailitas. Audrey part dans un petit supermarché et passe plus de temps que la normal car elle doit répondre aux questions des commerçants et des clients. Moi, je reste dans la rue à répondre aux mêmes questions des curieux venus me taper la causette. C'est drôle! Nous repartons à la recherche d'une petite maison ou d'une petite ferme qui pourrait nous accueillir mais, 4 refus ainsi que la pluie qui nous oblige à nous arrêter dans un des nombreux routiers au bord de la route. Généralement en sortie des villes ou prêt des stations services, ce sont de petites chambres avec salle de bain privé et ventilateur pour les routiers qui font de grands trajets reliant la côte au Nord à la capitale et qui n'ont pas de cabine pour dormir dans leur camion. De plus, le prix est super intéressant pour nous. 



La main sur la hanche, c'est le style Colombien!
   Le lendemain, avant de repartir, les gars qui s'occupent des chambres et de la station service veulent absolument prendre une photo de nous avec les vélos. Ca arrive souvent et ça nous amuse mais, cette fois-ci, on s’est pris au jeu et nous leur demandons si, nous aussi, on peut prendre une photo d'eux ! Durant la journée, nous rencontrons un chauffeur de camion qui nous offre de l'eau et nous promet de nous en ramener d'autre quand il nous croisera sur le chemin. Et alors que nous prenions notre déjeuner au bord de la route, le voici qui débarque avec de l'eau fraîche.


 Les routiers sont sympas aussi en Colombie! Nous discutons un peu et il nous conseille sur notre itinéraire et nous avertis que durant une soixantaine de km, il n'y a plus de bas côte et qu'il nous faudra faire attention. Merci à lui! Ce qui est drôle avec les Colombiens, c'est que dès qu'il y en a un qui discute avec nous, ça fait des envieux de générosité. Chacun veut nous aider. C'est comme ça qu'on se retrouve attablé, à taper la discute avec les deux filles du petit resto et un autre gars. On se fait offrir des chewings-gums, une boisson fraîche et des sachets de boissons énergisantes à diluer dans l'eau. Une chose m'amuse depuis que nous sommes en Colombie. Nous avons remarqué qu'il y a beaucoup de vieille voiture française ici: des Renault. Ca va de la 4L Master en passant par les R9, R12, R14 jusqu'à la R18. C'est un vrai festival de voiture rafistolées... Nous terminons notre journée près de la ville de San Martin où une famille, employé dans une ferme, nous accueille. Le patron ne vient pas souvent à cause de la guérilla... Mais elle nous rassure et nous dis qu'il n'y a rien à craindre depuis quelques années. Ils sont là depuis deux ans et travaillaient pour le même employeur qui a acheté cette ferme ci. Maintenant, ils s'occupent de 400 ha de palmiers. Fatigués par une journée de plus de 100 km encore, nous nous couchons à 20h30.  










   Au réveil, Audrey se choppe un mal de bide et se sent fatigué. Après le petit déjeuner, nous décidons de rallier la prochaine ville, San Alberto, et de là, nous verrons si nous prenons un hôtel ou si nous continuons. Arrivé sur place, il nous a fallu prendre une décision quant à notre trajet futur. Soit nous continuions de suivre la route principale pour rejoindre le rio Magdalena avec une route plate pour finir par une courte mais forte montée jusqu'à Bogota. Soit nous commencions dès maintenant notre ascension dans ces jolies montagnes que nous suivions depuis 5 jours. Malgré la fatigue d'Audrey (qui se sentait mieux!) et la perspective de belles montées, nous décidons de prendre cette dernière option qui nous fera passer par de beaux paysages et surtout par le canyon del Chicamocha... Le soir, nous nous arrêtons à nouveau dans un routier après 63 km. Les premières montées et l'envie de faire une bonne nuit afin qu'Audrey récupère nous motivent à nous arrêter dans un endroit sans nom, un peu perdu, un peu avant la ville de El Playon. 

On approche des montagnes...

   Le lendemain, le 28 mai, nous reprenons la petite montée que nous avions quittée la veille. Les pentes ne sont pas insurmontables, les paysages montagneux nous donnent le sourire et le ventre d'Audrey va mieux. Cependant, il y a toujours de la circulation. Nous qui pensions laisser les gros camions suivre le rio Magdalena... Tant pis! Nous faisons avec. Cette journée a été marquée par la rencontre avec Fernando et Lilia. Alors que nous étions en plein effort à pousser sur nos pédales, le couple qui se promenait en moto s'arrête, sort leur portable pour... prendre une photo. Nous engageons la conversation avec eux et répondons aux habituelles questions mais se demandent pour quelles raisons nous sommes partis si longtemps et pourquoi à vélo. Ce à quoi nous répondons que c'est pour rencontrer des gens comme eux... Ils rigolent puis nous invitent à nous arrêter chez eux, à Piedecuesta. C'est un peu plus loin que ce qu'on avait prévu mais nous acceptons l'invitation. Numéros de portable échangés, une dernière photo et nous reprenons notre route. Et là, on peut dire qu'une rencontre en appelle une autre: une moto, équipé façon voyageur, nous dépasse et klaxonne. Je reconnais une plaque d'immatriculation française. Yannick voyage depuis 7 mois. Il est partis de Bogota et à fait le tour d'Amérique du Sud. C'est presque la fin de son voyage et doit rentrer dans deux semaines. Nous papotons, le sourire aux lèvres, content de rencontrer un compatriote voyageant depuis autant de temps que nous. Par la suite, nous arrivons à Bucaramanga, la capitale du département du Santander. Sous les conseils de Fernando, nous ne passons pas par le centre mais en faisons le tour. Un détour de quelques kilomètres supplémentaires mais qui nous évite la grosse montée pour atteindre la ville. De retour sur notre fameuse route 45A, nous poursuivons sur une 2x2 voies avec un beau bas côté. Ca nous rassure de rouler sur cette espace mais ça n'empêche pas les accidents. Sur la voie opposée, un camion s'est retourné. Les roues en l'air, il bloque totalement la circulation. Dans notre sens, ca bloque également à cause des curieux qui s'arrêtent carrément pour... prendre une photo. 


... et Fernando
Lilia....

   













   Arrivés chez Fernando et Lilia, nous sommes accueillis comme des invités attendu depuis des semaines. Toute la famille est aux petits soins avec nous. Fernando nous "oblige" à profiter de leur machine à laver pour faire une lessive et Lilia nous concocte une bon petit repas : soupe traditionnelle avec de la viande, des légumes, des gésiers et quelques arepas fait maison. Nous parlons beaucoup avec eux, Lilia surtout qui nous montre des photos de ce qui nous attendra le lendemain et ce que nous devrions visiter une fois arrivé à San Gil. La fameuse montée du canyon del Chicamocha est réputée dans la région. Elle est mythique et tous les cyclistes du coin (ils en font partie) la connaissent. Leur accueil a été tellement sincère et spontané que nous leur parlons du site de Warmshower qui nous semble être fait pour des gens comme eux qui aime rencontrer des personnes de tous horizons avec une passion commune, le vélo. 


Canyon de Chicamocha

Fourmi au gros cul
   Le lendemain nous partons vers San Gil avec quelques grosses montées en perspective. La première nous a fait prendre un peu plus de hauteur (1250m) avant de nous faire plonger dans un canyon étroit dont la roche ne nous a pas paru très stable. Magnifique descente donc avec un paysage qui ne faisait qu'annoncer la suite. Car une fois arrivés au pont qui traverse le rio Chicamocha, à 550 m d'altitude, nous avons entamé une des plus belle route du pays, paraît-il. Une des plus belle car elle longe le superbe paysage naturel du canyon del Chicamocha. La description de ce que nous avons vu serait trop longue et les images suffisent à nous redonner des frissons. 

Mais, il a fallut mériter ce paysage... et ça s’est traduit par une montée de 30 km avec un pourcentage moyen de 5% afin d'arriver  à une altitude de 1950m. Sois 1400m de pure montée. Que du bonheur! La petite descente sur San Gil fût bien agréable et nous prenons le temps de gouter aux spécialités locales: le pain d'Aratoca, les Bocadillos (originaire de Vélez, cela ressemble à de la pâte de fruit de goyave...) et les "Hormigas Culonas". Une vieille tradition des indiens Guane. La traduction littérale est Fourmis à gros cul... Simplement grillé à la poêle, le goût n'est pas mauvais et ça croustille sous la dent. Miam! C'est donc bien fatigués après 5 jours de pédalage que nous nous arrêtons dans la ville de San Gil. Blottis dans le fond d'une vallée, la ville s'est accroché sur les pentes des montagnes à la végétation de toute beauté. Nous trouvons un hôtel dans la partie basse de la ville car nous n'avons pas pu franchir les rues à 45° qui mènent à la partie haute. Nous n'avons donc pas eu une jolie vue sur la ville depuis l'hôtel mais la proximité de la place centrale et du marché a contribué à rendre nos deux jours de repos très agréable. 



  Nous sommes donc allés directement au marché dès le lendemain matin afin de tester les jus de fruits méconnu de notre palais: lulo, guanabana, curuba, freijoa et une grosse préférence pour le jusde maracuya. L'après midi, nous flânons au Parque El Gallineral. Niché au cœur de la ville, à cheval sur le fleuve qui coule au fond de la vallée, il s'agit d'un parc écologique superbement aménagé où nous avons pu voir quelques perroquets et nous immerger dans une flore luxuriante. Nous y sommes restés un bon moment à admirer les papillons, les strelitzias, les fougères, les ceibas géants, les cèdres et les gallineros desquels pendent des lichens appellés cheveux d'ange ou barbe de San José. 


  
   Le lendemain, nous nous sommes éloignés de la ville avec un bus local afin de visiter la cascade de Juan Curi. J'avoue que la perspective d'aller voir une enième cascade ne m'enthousiasmait pas plus que ça. Mais arrivé devant l'impressionnante chute d'eau de 180m dans un cadre super jolie, nos petits cœurs d'enfants de 10 ans se sont réveillé et nous avons joué les explorateurs sautant de rochers en rocher parmi l'eau ruisselante. De retour à San Gil, nous avons changé de bus afin d'aller voir la petite ville coloniale de Barichara. Un charme fou, l'impression d'avoir fait un saut dans le passé... c'est ce qui définit cet endroit aux rues pavées en pente, aux maisons basses et aux façades blanches. Vraiment le temps s'arrête quand on est là-bas et nous l'avons pris, ce temps, afin de déguster un bon café frappé et admirer le panorama sur la vallée. 


Frappé... le café!


Barichara


















Obléas
  Le 1er juin, nous repartons pour une étape de 70km suivant une vallée puis en passant une autre. Les paysages sont toujours aussi jolis et quelques pentes seront au rdv. Nous testons une nouvelle spécialité culinaire: les Obléas. Sur une première espèce de galette qui ressemble à un gros hostie, on tartine de l'Arequipe (genre de confiture de lait), du fromage et une espèce de crème de goyave puis on referme avec une autre grosse galette. Ca se mange bien. Le soir, nous demandons l'hospitalité à une petite ferme. Il y en a de plus en plus à mesure que l'on se rapproche de Bogota. Cependant, les employés qui y vivent ne veulent pas prendre la responsabilité de nous accueillir sans l'accord de leur patron, souvent absent. Notre deuxième tentative dans une ferme similaire sera la bonne. Mauricio téléphone à son patron au Mexique pour lui demander l'autorisation pour que nous installions notre tente pour une nuit. Nous avons passé une petite soirée tranquille avec lui, qui fêtera ses 33 ans le lendemain, sa femme et ses deux enfants de 8 et 10 ans. C’est très agréable de discuter un peu avec eux et les garçons sont ravis d'essayer nos vélos même si le mien était deux fois trop grand pour eux. Nous leur laissons de quoi réparer la crevaison du vélo du plus jeune.


   Le jour suivant a été pénible en fin de journée. De gentilles pentes nous ont épuisés petit à petit jusqu'à nous obliger à trouver un endroit où dormir. Mais, c'est dans un endroit sans habitations et au vent froid que nos forces nous lâchent. Et oui, petit à petit, on sent que l'on prend de l'altitude et les belles journées bien chaudes font place au vent frais des montagnes. Il faut dire que nous avons remonté à 2400m et la zone désertique d'habitation nous pousse à allonger notre distance journalière en montagne à 80 km pour rejoindre un petit patelin... sans hôtel pour nous réchauffer, alors que 4 hommes, croisés sur notre route, nous avaient affirmés qu'il y en avait un. Fausse info! Pas grave, nous nous réfugions sur le parking d'un petit resto. Le sol est pierreux et en pente mais on est à l'abris du vent. C'est ce que nous voulons en priorité car nous avons de moins en moins confiance dans la solidité de notre tente... 


Descente sur la Laguna Fuquene
   Bref, la petite ville n'a pas d'hôtel mais en tout cas, elle a une excellent boulangerie où nous prennons notre petit déjeuner. Après avoir poursuivit notre route sur la montée de la veille, nous amorçons notre descente vers la lagune de Fuquene et traversons le département de Boyaca avec ses belles vallées verdoyantes. Notre gourmandise nous pousse à nous arrêter dans un des nombreux magasins aux spécialités laitières. C'est une région très touristiques où beaucoup d'habitant de Bogota viennent se promener le week-end. Attablés dans ce petit magasin et alors que nous dégustions une crème de lait, nous ferons une fois de plus l'expérience de la surprenante générosité des Colombiens. Un gars entre avec sa femme, nous remarque et nous pose les questions "habituelles". La discussion ne dure pas 5 min que le gars s'en va payer nos crèmes et un pot d'Arequipe. Ils sont comme ça les Colombiens parfois! Ils font preuve d'une générosité spontanée qui nous laisse le cul sur nos chaises et qui engendre la générosité des autres. Les filles du magasin nous offrent des bonbons appelés negritos. Genre de caramel fait avec du miel et du lait. Le soir, nous nous arrêterons près de la ville d'Ubaté où un employé d'une ferme appelé Jaime, n'arrivant pas à joindre son patron pour lui demander l'autorisation, nous propose de planter la tente en plein milieu d'un champ d'herbe verte fraîchement sortie de terre et dans un paysage magnifique. 







    Le lendemain et dernier jour avant de rejoindre Bogota, nous le revoyons accompagné de son patron, le proprio de la ferme. Très gentil, Humberto, nous conseille sur la façon de rentrer dans la capitale. Il nous propose même de nous héberger à Chia, une ville toute proche de Bogota réputée pour ces restaurants. Ce n'est pas le premier à nous proposer de nous héberger dans Bogota ou ces environs et c'est à chaque fois avec toute la gentillesse et la sincérité qui caractérise les colombiens. Malheureusement, notre envie de retrouver Maria-André et Dani, nos amis de Bogota, est plus forte et nous refusons son invitation. Après avoir passé un petit col au paysage de montagne Suisse, à 2900m, nous nous arrêtons dans la ville de Zipaquira afin de visiter la Cathédrale de Sel. C'est en fait la réplique d'une ancienne mine. Elles est constituée de galeries qui mènent à plusieurs nefs où des croix ont été sculptées dans la roche (50% de sel, 40% de charbon et 10% de soufre ou sulfate de sel), des chapelles obscures mise en valeur par un jeu de lumière et une immense cathédrale qui est devenue l’une des destinations religieuses les plus prisé du pays. 
A 180m sous terre, une cathédrale de sel.

   Il nous reste que 30km pour rejoindre la capitale et nous sommes tout excités d'avoir Maria-Andréa au téléphone. On est tellement pressé de les voir, de nous poser avec eux, de nous sédentariser un peu après avoir parcouru 1123km en 16 jours... Nous arrivons donc par l'Autopista Norte dans Bogota. Beaucoup de bus, de voiture, de camion... de pollution. Nos deux loulous sont coincés dans les bouchons et nous devons les attendre. Il faut dire qu'à 17h dans une capitale, ce n’est pas la bonne heure pour arriver. Nous voyons arriver leur voiture qui se gare, Maria-Andréa descend et se jette dans les bras d'Audrey. Que c'est bon de les voir tout les deux. 
Notre nouveau nid que l'on ne quittera pas avant 3 semaines
   On sera mis dans le bain tout de suite car la sœur de Dani, Maria-Paula revient d'Italie où elle y a passé quelques temps pour ses études. Nous sommes donc invités chez Victor et Luz Marina, les parents de Dani. Son frère, Juan Camillo est là aussi. Nous avions déjà vu tout ce petit monde à Paris et ça nous fait du bien de les revoir et de pouvoir parler espagnol avec eux car, à l'époque, nous ne savions pas faire une phrase dans leur langue. Les choses ont un peu changé mais ça reste difficile de suivre une discussion lorsque 5 personnes parlent vite et en même temps. C’est un bon exercice!
Vue depuis notre nid sur Bogota
     Nous racontons notre voyage jusqu'ici et les quelques autres membres de la famille qui sont ici ont un peu de mal à nous croire arrivés en vélo de France. Maria-Andréa nous avoue qu'elle nous trouve amaigri quand même. 8 mois que nous n'étions pas montés sur une balance... Verdict: Audrey est resté presque stable. Elle n'a perdu qu'un ou deux kg. Il faut dire qu'elle n’avait pas grand chose à perdre la petite! Pour ma part, c'est autre chose. J'en ai perdu 11. Bon, petit message personnel pour ma maman: c'est pas ma faute, je te jure, je l'ai pas fait exprès!!!


   Pourtant, on mange! On mange bien et toute le temps. Vous avez dû le remarquer, on n’arrête pas de parler de bouffe. Et c'est pour cette raison que nous avons mis un peu de temps à publier ces messages car nous sommes tombés amoureux de ce petit coin que l'on trouve dans une maison et qu'on appelle la cuisine. Sitôt arriver, nous n'avons pas pu nous empêcher de concocter de petit plat qui nous manquaient terriblement et mettant de côté le blog. On vous parlera par la suite de tous les fruits et les plats que nos amis colombiens nous ont fait tester... On parlera bouffe, quoi! Normal si l'on veut reprendre un peu de poids...


                                                                                                                              ..........Lo