De Cartagena de Indias à Santa Fe de Bogota: 1167km


  


   Nous débarquons donc le mercredi 16 mai sur le continent de l'Amérique du Sud dans le port de Cartagena de los Indios. On nous en avait dit que du bien et nous n'avons pas été déçus. Sous les conseils de Mélanie, nous nous installons dans la partie authentique de la vieille ville entourée de ses remparts. Cartagena est magnifique et l'histoire de la fondation de cette ville est si riche qu'il serait trop long de tout raconter... Mais, l'arrivée des Espagnols en 1501, son emplacement stratégique et géographique afin de ramener d'inestimable richesse au royaume d'Espagne, la construction de ces remparts, les innombrables attaques des corsaires et des pirates comme Francis Drake et l'histoire de son indépendance en font une ville incroyable. On a adoré s'y promener, s'y perdre et s’y retrouver. Les façades décrépites des bâtiments font face à d'autres, rénovés aux couleurs ocres et de toute une gamme de pastel. De nombreux patios sont libres d'accès et nous ont offert leurs charmes. La chaleur, la musique et cette ambiance particulière nous a rappelé un peu le quartier de Casco Viejo à Ciudad de Panama qui lui nous rappelait déjà l'ambiance de La Havane à Cuba. C'est donc dans ces conditions que nous avons pratiqué nos activités préférées: découverte et dégustation des mets locaux... ainsi que de laisser passer le temps dans les petits parcs de la ville parmi les joueurs de carte, les vendeurs de jus de fruits frais et les colombiens venus déguster une des bières du pays: Aguila ou Club Colombia. L'ambiance de l'hotel était très conviviale. Nous y avons rencontré une belle brochette de français ainsi que Carolina et Julian, deux argentins. Julian peint les murs de l'hotel en échange du logement et son style est vraiment sympa. 



A l'hôtel de Cartagena



Ca, c'est de la belle route!
La famille de Gloria
  Nous sommes donc rester 4 jours et c'est au petit matin du dimanche 20 mai que nous nous sommes élancés vers la capitale. Au programme, 1000 km de route... Plus ou moins! Nous faisons un petit tour qui suit les remparts de Cartagena puis nous voilà partis pour longer la côte et remonter vers Santa Marta (+/- 200 km). La route est parfaite: toute neuve, toute plate, toute large et avec un grand bas côté. On se dit que ça ne durera pas, qu'elle n'est là que pour desservir les luxueux hôtels en sortie de la ville mais finalement, elle continue. Ce sera du bonheur de rouler dessus malgré la petite pluie qui a sonné notre départ. Dix jours que nous n'avions pas pédalé et mine de rien, ça nous manquait. Du coup, on avale les kilomètres. Pour synthétiser nos 4 premiers jours en chiffre, je dirais: 90, 109, 99, 104. Non, ce ne sont pas les nouvelles mensurations d'Audrey mais le nombre de km par jour... Et pour terminer cette première journée, nous nous arrêtons dans une petite ville sur la côte au nom de Santa Veronica, où nous profitons une dernière fois de la mer des Caraïbes avant de partir à la rencontre de l'hospitalité des Colombiens. Gloria s'est demandé pourquoi nous nous sommes arrêtés devant sa maison, si ce n'était pas pour vouloir l'acheter. Après nous être présenté, elle nous invite à planter la tente dans son jardin. Elle nous ouvrira sa cuisine également où nous passerons pas mal de temps à discuter avec elle et 3 de ses petites-filles. Gloria parle doucement et en articulant bien pour que nous comprenions. Ce premier contact s'est avéré très prometteur pour la suite.



   Le lendemain, nous nous dirigeons vers la grande ville de Barranquilla. La ville est connu pour son carnaval qui serait le 3ème plus grand carnaval après Rio et Venise... Mais bon, on arrive bien en retard par rapport aux festivités et essayons de trouver la deuxième attraction de la ville. Une statue de 5 m de haut de... Shakira (pour ceux qui ne savent pas qui est Shakira, je vous invite à la Googleliser). Je ne savais même pas qu'elle était Colombienne et encore moins d'origine de Barranquilla. A peine rentrés dans la ville, les gens a qui nous demandons notre chemin nous conseille des rues à ne pas prendre ou celles où il ne faut pas s'arrêter. Bref, on s'est tout de même arrêter afin de faire quelques courses dans un grand super marché et c'est ainsi que nous avons découvert la nature des Colombiens! Celle que nous rencontrerons à plusieurs reprises : Curieux, ils sont 4 ou 5 à nous entourer après que l'un d'eux ait osé s'approcher pour nous questionner sur ce que nous faisons ici avec des vélos. Fiers de leur pays, ils le revendiquent en regardant nos petits drapeaux que nous avons collé sur le cadre des vélos et nous demandent (très souvent par la suite aussi) ce que nous pensons de la Colombie. Généreux, le vendeur de jus de citron a qui nous avions acheté deux verres de jus bien frais, nous resservira gracieusement et nous donnera des glaçons afin de rafraîchir l'eau de nos gourdes qui on bien chauffé au soleil. L'eau du robinet, dans cette partie Nord du pays, n'est pas très bonne pour nos petits estomacs. Nous l'avons constaté après un essai à Cartagena... peu concluant! Après nous être un peu perdu en voulant sortir de la ville et remis sur le droit chemin par un gars super gentil qui nous a conduit en vélo à travers des petites ruelles, nous passons le grand pont qui enjambe la rivière Magdalena et pénétrons dans le département du même nom. Le paysage est assez atypique: sur notre droite la plage, la mer et sur notre gauche, une grande zone marécageuse qui est lié à la Ciénaga Grande de Santa Marta qui comprend un système de lagunes reliées entre elles par des canaux.
  
 La journée est chaude et nous avons envisagé de dormir sur la plage mais après ces 109 km, nous atterrissons à un péage où beaucoup d'activités autour de la route et de la pêche se sont développées. Nous voyons même un gars revenir de sa pêche avec un petit requin à la main et une petite raie sur l'épaule... Finalement, on ne nous conseille pas de camper sur la plage. Trop de gars qui fume des pétards! Et nous nous dirigeons donc vers un resto qui offre des "cabañas" sur pilotis pour 20000 pesos soit 9€. Propre et vue sympa sur le " lagon" où les pêcheurs de crevette installent leur filet pour la nuit. Le patron nous apprend qu'ici, on fait de l'huile de requin... contre la toux! Bref, nous restons dans cet endroit simple, pas touristique pour un sous et pas cher afin de se reposer de cette grosse journée avant de reprendre la route le lendemain.

Pêcheur installant son filet!

Au loin, la Sierra Nevada

   Nous repartons et quittons peu à peu la côte pour nous diriger droit vers la Sierra Nevada de Santa Marta et rencontrer la route principale 45 qui relie la ville de Santa Marta, sur la côte, à Bogota. Nous ne ferons pas de détour pour voir la ville de Santa Marta malgré l'attrait très intéressant du parc Tayrona et de la fameuse cité perdu qui semble être LE truc à faire. Ce sera, ça aussi, pour une prochaine fois. Donc, nous laissons notre belle route qui longeait la côte pour emprunter cette route principale un peu usée et un bas côté moins large qui ne nous permet pas de rouler côte à côte. La route reste plate et les kilomètres défilent à travers des zones bananières et longeant les magnifiques montagnes de la Sierra Nevada sur notre gauche. Puis après un bref arrêt dans la ville d'Aracataca pour déguster un rafraîchissant jus d'orange, nous nous sommes perdus au milieu d'une palmeraie. Et c'est au bout de 99 km, alors que nous pensions chercher un endroit où dormir que nous rencontrons Yeisson près d'une petite ville appelée Santa Rosa de la Lima. Curieux, son ami Arold et lui, nous demande où nous allons, d'où nous venons et où est ce que nous allons dormir ce soir. En ce qui concerne la dernière question, ils partiront avec leur moto demander à la mère de Yeisson s'il serait possible de planter la tente dans la cour de leur propriété. Ce sera un oui! Audrey part sur la moto avec Arold alors que Yeisson prend son vélo pour me guider à travers les ruelles en terre de la petite ville, nous faisant bien remarquer au passage par tout les habitants. On sent qu'il est fier d'accueillir des étrangers chez lui et de le montrer à tout son voisinage. Nous plantons la tente dans la cour parmi les poules et les dindons. 

Arold et Yeisson
   
La maison est des plus ordinaire et rudimentaire. On rencontre sa maman, ses frères et sa sœur mais on passe surtout du temps avec lui et Arold. Comme d'habitude, ils nous mettent à disposition le peu qu'ils ont afin de nous laver et cuisiner. Yeisson a 21 ans mais il est vraiment très mature et nous explique que nous n'avons rien à craindre ici. Mais, que 4 ans auparavant, il n'aurait pas pu nous accueillir car un groupe paramilitaire qui était dans les montagnes alentours nous aurait pris pour des espions... Nous ne comprenons pas vraiment de quelle groupe paramilitaire il s'agit et leurs buts, nous l'écoutons et observons les fissures de sa maison qui ont été provoqué par des bombes. Sachant qu'il se lève tôt le lendemain pour aller travailler dans les champs, nous échangeons mail, numéro de portable et adresse Facebook avant d'aller dormir. Bah oui, ils sont un peu isolé mais reste à la page technologique. Ils sont surtout fans du téléphone portable les Colombiens, et souvent, nous nous retrouvons à échanger notre numéro de téléphone avec une personne rencontrée 5 min avant. 

  Le lendemain, nous disons au revoir à la maman de Yeisson et retrouvons la route 45, nos camions, la chaîne de montagne à notre droite et de grandes prairies sur notre gauche. Tout est là, rien ne manque! Nous pourrons donc rouler pour notre 4ème journée consécutive avant d'arriver à La Loma. Nous nous y arrêtons et prenons une petite chambre d'hôtel avec air conditionné. Et on n’hésite pas à s’en servir tellement il fait chaud ces derniers temps (40° en milieu de journée). Nous y restons également la journée du lendemain. La Loma n'a pas d'attrait touristique, c'est une grosse bourgade et nous nous amusons à nous mêler à la population assez surprise de voir deux étrangers dans leur ville. Nous partons à la recherche d'un atelier qui nous prête une scie à métaux et de quoi bricoler un truc afin de réparer une armature de la tente qui a encore céder... Chose faite, notre programme de la journée a été de faire des courses, de déjeuner et de se reposer. 


et de 8...
   Le lendemain, le 25 mai, la journée a commencé par une crevaison alors que nous n'avions pas fait un mètre. La route est toujours plate et les bas côté peu large. Les montagnes se rapprochent de nous. Belles, vertes et coiffées de nuages, c'est un plaisir pour les yeux et, souvent, nous nous émerveillons de la beauté du paysage. En début d'après-midi, nous atteignons les 8000 km: petite photo à la con et nous repartons! A notre habitude, nous nous arrêtons, un peu avant de chercher un endroit où dormir, pour faire des courses pour le soir et acheter des fruits et légumes frais. La pluie nous amène jusqu'à la ville de Pailitas. Audrey part dans un petit supermarché et passe plus de temps que la normal car elle doit répondre aux questions des commerçants et des clients. Moi, je reste dans la rue à répondre aux mêmes questions des curieux venus me taper la causette. C'est drôle! Nous repartons à la recherche d'une petite maison ou d'une petite ferme qui pourrait nous accueillir mais, 4 refus ainsi que la pluie qui nous oblige à nous arrêter dans un des nombreux routiers au bord de la route. Généralement en sortie des villes ou prêt des stations services, ce sont de petites chambres avec salle de bain privé et ventilateur pour les routiers qui font de grands trajets reliant la côte au Nord à la capitale et qui n'ont pas de cabine pour dormir dans leur camion. De plus, le prix est super intéressant pour nous. 



La main sur la hanche, c'est le style Colombien!
   Le lendemain, avant de repartir, les gars qui s'occupent des chambres et de la station service veulent absolument prendre une photo de nous avec les vélos. Ca arrive souvent et ça nous amuse mais, cette fois-ci, on s’est pris au jeu et nous leur demandons si, nous aussi, on peut prendre une photo d'eux ! Durant la journée, nous rencontrons un chauffeur de camion qui nous offre de l'eau et nous promet de nous en ramener d'autre quand il nous croisera sur le chemin. Et alors que nous prenions notre déjeuner au bord de la route, le voici qui débarque avec de l'eau fraîche.


 Les routiers sont sympas aussi en Colombie! Nous discutons un peu et il nous conseille sur notre itinéraire et nous avertis que durant une soixantaine de km, il n'y a plus de bas côte et qu'il nous faudra faire attention. Merci à lui! Ce qui est drôle avec les Colombiens, c'est que dès qu'il y en a un qui discute avec nous, ça fait des envieux de générosité. Chacun veut nous aider. C'est comme ça qu'on se retrouve attablé, à taper la discute avec les deux filles du petit resto et un autre gars. On se fait offrir des chewings-gums, une boisson fraîche et des sachets de boissons énergisantes à diluer dans l'eau. Une chose m'amuse depuis que nous sommes en Colombie. Nous avons remarqué qu'il y a beaucoup de vieille voiture française ici: des Renault. Ca va de la 4L Master en passant par les R9, R12, R14 jusqu'à la R18. C'est un vrai festival de voiture rafistolées... Nous terminons notre journée près de la ville de San Martin où une famille, employé dans une ferme, nous accueille. Le patron ne vient pas souvent à cause de la guérilla... Mais elle nous rassure et nous dis qu'il n'y a rien à craindre depuis quelques années. Ils sont là depuis deux ans et travaillaient pour le même employeur qui a acheté cette ferme ci. Maintenant, ils s'occupent de 400 ha de palmiers. Fatigués par une journée de plus de 100 km encore, nous nous couchons à 20h30.  










   Au réveil, Audrey se choppe un mal de bide et se sent fatigué. Après le petit déjeuner, nous décidons de rallier la prochaine ville, San Alberto, et de là, nous verrons si nous prenons un hôtel ou si nous continuons. Arrivé sur place, il nous a fallu prendre une décision quant à notre trajet futur. Soit nous continuions de suivre la route principale pour rejoindre le rio Magdalena avec une route plate pour finir par une courte mais forte montée jusqu'à Bogota. Soit nous commencions dès maintenant notre ascension dans ces jolies montagnes que nous suivions depuis 5 jours. Malgré la fatigue d'Audrey (qui se sentait mieux!) et la perspective de belles montées, nous décidons de prendre cette dernière option qui nous fera passer par de beaux paysages et surtout par le canyon del Chicamocha... Le soir, nous nous arrêtons à nouveau dans un routier après 63 km. Les premières montées et l'envie de faire une bonne nuit afin qu'Audrey récupère nous motivent à nous arrêter dans un endroit sans nom, un peu perdu, un peu avant la ville de El Playon. 

On approche des montagnes...

   Le lendemain, le 28 mai, nous reprenons la petite montée que nous avions quittée la veille. Les pentes ne sont pas insurmontables, les paysages montagneux nous donnent le sourire et le ventre d'Audrey va mieux. Cependant, il y a toujours de la circulation. Nous qui pensions laisser les gros camions suivre le rio Magdalena... Tant pis! Nous faisons avec. Cette journée a été marquée par la rencontre avec Fernando et Lilia. Alors que nous étions en plein effort à pousser sur nos pédales, le couple qui se promenait en moto s'arrête, sort leur portable pour... prendre une photo. Nous engageons la conversation avec eux et répondons aux habituelles questions mais se demandent pour quelles raisons nous sommes partis si longtemps et pourquoi à vélo. Ce à quoi nous répondons que c'est pour rencontrer des gens comme eux... Ils rigolent puis nous invitent à nous arrêter chez eux, à Piedecuesta. C'est un peu plus loin que ce qu'on avait prévu mais nous acceptons l'invitation. Numéros de portable échangés, une dernière photo et nous reprenons notre route. Et là, on peut dire qu'une rencontre en appelle une autre: une moto, équipé façon voyageur, nous dépasse et klaxonne. Je reconnais une plaque d'immatriculation française. Yannick voyage depuis 7 mois. Il est partis de Bogota et à fait le tour d'Amérique du Sud. C'est presque la fin de son voyage et doit rentrer dans deux semaines. Nous papotons, le sourire aux lèvres, content de rencontrer un compatriote voyageant depuis autant de temps que nous. Par la suite, nous arrivons à Bucaramanga, la capitale du département du Santander. Sous les conseils de Fernando, nous ne passons pas par le centre mais en faisons le tour. Un détour de quelques kilomètres supplémentaires mais qui nous évite la grosse montée pour atteindre la ville. De retour sur notre fameuse route 45A, nous poursuivons sur une 2x2 voies avec un beau bas côté. Ca nous rassure de rouler sur cette espace mais ça n'empêche pas les accidents. Sur la voie opposée, un camion s'est retourné. Les roues en l'air, il bloque totalement la circulation. Dans notre sens, ca bloque également à cause des curieux qui s'arrêtent carrément pour... prendre une photo. 


... et Fernando
Lilia....

   













   Arrivés chez Fernando et Lilia, nous sommes accueillis comme des invités attendu depuis des semaines. Toute la famille est aux petits soins avec nous. Fernando nous "oblige" à profiter de leur machine à laver pour faire une lessive et Lilia nous concocte une bon petit repas : soupe traditionnelle avec de la viande, des légumes, des gésiers et quelques arepas fait maison. Nous parlons beaucoup avec eux, Lilia surtout qui nous montre des photos de ce qui nous attendra le lendemain et ce que nous devrions visiter une fois arrivé à San Gil. La fameuse montée du canyon del Chicamocha est réputée dans la région. Elle est mythique et tous les cyclistes du coin (ils en font partie) la connaissent. Leur accueil a été tellement sincère et spontané que nous leur parlons du site de Warmshower qui nous semble être fait pour des gens comme eux qui aime rencontrer des personnes de tous horizons avec une passion commune, le vélo. 


Canyon de Chicamocha

Fourmi au gros cul
   Le lendemain nous partons vers San Gil avec quelques grosses montées en perspective. La première nous a fait prendre un peu plus de hauteur (1250m) avant de nous faire plonger dans un canyon étroit dont la roche ne nous a pas paru très stable. Magnifique descente donc avec un paysage qui ne faisait qu'annoncer la suite. Car une fois arrivés au pont qui traverse le rio Chicamocha, à 550 m d'altitude, nous avons entamé une des plus belle route du pays, paraît-il. Une des plus belle car elle longe le superbe paysage naturel du canyon del Chicamocha. La description de ce que nous avons vu serait trop longue et les images suffisent à nous redonner des frissons. 

Mais, il a fallut mériter ce paysage... et ça s’est traduit par une montée de 30 km avec un pourcentage moyen de 5% afin d'arriver  à une altitude de 1950m. Sois 1400m de pure montée. Que du bonheur! La petite descente sur San Gil fût bien agréable et nous prenons le temps de gouter aux spécialités locales: le pain d'Aratoca, les Bocadillos (originaire de Vélez, cela ressemble à de la pâte de fruit de goyave...) et les "Hormigas Culonas". Une vieille tradition des indiens Guane. La traduction littérale est Fourmis à gros cul... Simplement grillé à la poêle, le goût n'est pas mauvais et ça croustille sous la dent. Miam! C'est donc bien fatigués après 5 jours de pédalage que nous nous arrêtons dans la ville de San Gil. Blottis dans le fond d'une vallée, la ville s'est accroché sur les pentes des montagnes à la végétation de toute beauté. Nous trouvons un hôtel dans la partie basse de la ville car nous n'avons pas pu franchir les rues à 45° qui mènent à la partie haute. Nous n'avons donc pas eu une jolie vue sur la ville depuis l'hôtel mais la proximité de la place centrale et du marché a contribué à rendre nos deux jours de repos très agréable. 



  Nous sommes donc allés directement au marché dès le lendemain matin afin de tester les jus de fruits méconnu de notre palais: lulo, guanabana, curuba, freijoa et une grosse préférence pour le jusde maracuya. L'après midi, nous flânons au Parque El Gallineral. Niché au cœur de la ville, à cheval sur le fleuve qui coule au fond de la vallée, il s'agit d'un parc écologique superbement aménagé où nous avons pu voir quelques perroquets et nous immerger dans une flore luxuriante. Nous y sommes restés un bon moment à admirer les papillons, les strelitzias, les fougères, les ceibas géants, les cèdres et les gallineros desquels pendent des lichens appellés cheveux d'ange ou barbe de San José. 


  
   Le lendemain, nous nous sommes éloignés de la ville avec un bus local afin de visiter la cascade de Juan Curi. J'avoue que la perspective d'aller voir une enième cascade ne m'enthousiasmait pas plus que ça. Mais arrivé devant l'impressionnante chute d'eau de 180m dans un cadre super jolie, nos petits cœurs d'enfants de 10 ans se sont réveillé et nous avons joué les explorateurs sautant de rochers en rocher parmi l'eau ruisselante. De retour à San Gil, nous avons changé de bus afin d'aller voir la petite ville coloniale de Barichara. Un charme fou, l'impression d'avoir fait un saut dans le passé... c'est ce qui définit cet endroit aux rues pavées en pente, aux maisons basses et aux façades blanches. Vraiment le temps s'arrête quand on est là-bas et nous l'avons pris, ce temps, afin de déguster un bon café frappé et admirer le panorama sur la vallée. 


Frappé... le café!


Barichara


















Obléas
  Le 1er juin, nous repartons pour une étape de 70km suivant une vallée puis en passant une autre. Les paysages sont toujours aussi jolis et quelques pentes seront au rdv. Nous testons une nouvelle spécialité culinaire: les Obléas. Sur une première espèce de galette qui ressemble à un gros hostie, on tartine de l'Arequipe (genre de confiture de lait), du fromage et une espèce de crème de goyave puis on referme avec une autre grosse galette. Ca se mange bien. Le soir, nous demandons l'hospitalité à une petite ferme. Il y en a de plus en plus à mesure que l'on se rapproche de Bogota. Cependant, les employés qui y vivent ne veulent pas prendre la responsabilité de nous accueillir sans l'accord de leur patron, souvent absent. Notre deuxième tentative dans une ferme similaire sera la bonne. Mauricio téléphone à son patron au Mexique pour lui demander l'autorisation pour que nous installions notre tente pour une nuit. Nous avons passé une petite soirée tranquille avec lui, qui fêtera ses 33 ans le lendemain, sa femme et ses deux enfants de 8 et 10 ans. C’est très agréable de discuter un peu avec eux et les garçons sont ravis d'essayer nos vélos même si le mien était deux fois trop grand pour eux. Nous leur laissons de quoi réparer la crevaison du vélo du plus jeune.


   Le jour suivant a été pénible en fin de journée. De gentilles pentes nous ont épuisés petit à petit jusqu'à nous obliger à trouver un endroit où dormir. Mais, c'est dans un endroit sans habitations et au vent froid que nos forces nous lâchent. Et oui, petit à petit, on sent que l'on prend de l'altitude et les belles journées bien chaudes font place au vent frais des montagnes. Il faut dire que nous avons remonté à 2400m et la zone désertique d'habitation nous pousse à allonger notre distance journalière en montagne à 80 km pour rejoindre un petit patelin... sans hôtel pour nous réchauffer, alors que 4 hommes, croisés sur notre route, nous avaient affirmés qu'il y en avait un. Fausse info! Pas grave, nous nous réfugions sur le parking d'un petit resto. Le sol est pierreux et en pente mais on est à l'abris du vent. C'est ce que nous voulons en priorité car nous avons de moins en moins confiance dans la solidité de notre tente... 


Descente sur la Laguna Fuquene
   Bref, la petite ville n'a pas d'hôtel mais en tout cas, elle a une excellent boulangerie où nous prennons notre petit déjeuner. Après avoir poursuivit notre route sur la montée de la veille, nous amorçons notre descente vers la lagune de Fuquene et traversons le département de Boyaca avec ses belles vallées verdoyantes. Notre gourmandise nous pousse à nous arrêter dans un des nombreux magasins aux spécialités laitières. C'est une région très touristiques où beaucoup d'habitant de Bogota viennent se promener le week-end. Attablés dans ce petit magasin et alors que nous dégustions une crème de lait, nous ferons une fois de plus l'expérience de la surprenante générosité des Colombiens. Un gars entre avec sa femme, nous remarque et nous pose les questions "habituelles". La discussion ne dure pas 5 min que le gars s'en va payer nos crèmes et un pot d'Arequipe. Ils sont comme ça les Colombiens parfois! Ils font preuve d'une générosité spontanée qui nous laisse le cul sur nos chaises et qui engendre la générosité des autres. Les filles du magasin nous offrent des bonbons appelés negritos. Genre de caramel fait avec du miel et du lait. Le soir, nous nous arrêterons près de la ville d'Ubaté où un employé d'une ferme appelé Jaime, n'arrivant pas à joindre son patron pour lui demander l'autorisation, nous propose de planter la tente en plein milieu d'un champ d'herbe verte fraîchement sortie de terre et dans un paysage magnifique. 







    Le lendemain et dernier jour avant de rejoindre Bogota, nous le revoyons accompagné de son patron, le proprio de la ferme. Très gentil, Humberto, nous conseille sur la façon de rentrer dans la capitale. Il nous propose même de nous héberger à Chia, une ville toute proche de Bogota réputée pour ces restaurants. Ce n'est pas le premier à nous proposer de nous héberger dans Bogota ou ces environs et c'est à chaque fois avec toute la gentillesse et la sincérité qui caractérise les colombiens. Malheureusement, notre envie de retrouver Maria-André et Dani, nos amis de Bogota, est plus forte et nous refusons son invitation. Après avoir passé un petit col au paysage de montagne Suisse, à 2900m, nous nous arrêtons dans la ville de Zipaquira afin de visiter la Cathédrale de Sel. C'est en fait la réplique d'une ancienne mine. Elles est constituée de galeries qui mènent à plusieurs nefs où des croix ont été sculptées dans la roche (50% de sel, 40% de charbon et 10% de soufre ou sulfate de sel), des chapelles obscures mise en valeur par un jeu de lumière et une immense cathédrale qui est devenue l’une des destinations religieuses les plus prisé du pays. 
A 180m sous terre, une cathédrale de sel.

   Il nous reste que 30km pour rejoindre la capitale et nous sommes tout excités d'avoir Maria-Andréa au téléphone. On est tellement pressé de les voir, de nous poser avec eux, de nous sédentariser un peu après avoir parcouru 1123km en 16 jours... Nous arrivons donc par l'Autopista Norte dans Bogota. Beaucoup de bus, de voiture, de camion... de pollution. Nos deux loulous sont coincés dans les bouchons et nous devons les attendre. Il faut dire qu'à 17h dans une capitale, ce n’est pas la bonne heure pour arriver. Nous voyons arriver leur voiture qui se gare, Maria-Andréa descend et se jette dans les bras d'Audrey. Que c'est bon de les voir tout les deux. 
Notre nouveau nid que l'on ne quittera pas avant 3 semaines
   On sera mis dans le bain tout de suite car la sœur de Dani, Maria-Paula revient d'Italie où elle y a passé quelques temps pour ses études. Nous sommes donc invités chez Victor et Luz Marina, les parents de Dani. Son frère, Juan Camillo est là aussi. Nous avions déjà vu tout ce petit monde à Paris et ça nous fait du bien de les revoir et de pouvoir parler espagnol avec eux car, à l'époque, nous ne savions pas faire une phrase dans leur langue. Les choses ont un peu changé mais ça reste difficile de suivre une discussion lorsque 5 personnes parlent vite et en même temps. C’est un bon exercice!
Vue depuis notre nid sur Bogota
     Nous racontons notre voyage jusqu'ici et les quelques autres membres de la famille qui sont ici ont un peu de mal à nous croire arrivés en vélo de France. Maria-Andréa nous avoue qu'elle nous trouve amaigri quand même. 8 mois que nous n'étions pas montés sur une balance... Verdict: Audrey est resté presque stable. Elle n'a perdu qu'un ou deux kg. Il faut dire qu'elle n’avait pas grand chose à perdre la petite! Pour ma part, c'est autre chose. J'en ai perdu 11. Bon, petit message personnel pour ma maman: c'est pas ma faute, je te jure, je l'ai pas fait exprès!!!


   Pourtant, on mange! On mange bien et toute le temps. Vous avez dû le remarquer, on n’arrête pas de parler de bouffe. Et c'est pour cette raison que nous avons mis un peu de temps à publier ces messages car nous sommes tombés amoureux de ce petit coin que l'on trouve dans une maison et qu'on appelle la cuisine. Sitôt arriver, nous n'avons pas pu nous empêcher de concocter de petit plat qui nous manquaient terriblement et mettant de côté le blog. On vous parlera par la suite de tous les fruits et les plats que nos amis colombiens nous ont fait tester... On parlera bouffe, quoi! Normal si l'on veut reprendre un peu de poids...


                                                                                                                              ..........Lo

8 commentaires:

  1. Coucou,
    Comment vont nos cyclistes préférés ? C'est vraiment super de pouvoir profiter de votre voyage à travers vos récits. A chaque fois on s'impatiente et on se régale de découvrir vos aventures agrémentées de si jolies photos. Nous nous réjouissons de voir que vous êtes bien accueillis partout où vous passez. Je pense que le vélo est un bon passeport... Bon prenez le temps de vous reposer quand même... et de reprendre des forces et un peu de kilos, n'est-ce pas Laurent... BISOUS à tous les deux et amitiés à Maria-Andrea et Dany et à leurs familles

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    1. Hi! Bonjour Jean Paul & Christiane
      Finalement , vous etes a la une !!!
      Ils snt deja en Colombie! ou est ce que vous allez les rejoindre en aout? Ils seront peut etre au Chili Ah!!Preparez vous pour le mois d'Aout.Apprenez un peu d'Espagnol...Excitant & prenez une boone compagnie aerienne (lAmerique du Sud?!)
      Gros bisous a vous 2 xoxo Mimi & Peter

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  2. Hey...j'vous soupçonne d'être atteints de "kilomètrophilie" sévère!!...méfiez vous, ça rend dépendant! Vous avez plus de kilomètres au compteur de vos vélos en 8 mois, qu'avec ma voiture en 1 an,...et j'la prends quasi ts les jours...LOL!!
    On arrive presque à s'dire que cette centaine de bornes quotidienne est presque "banale"...mais c'est juste DINGUE c'que vous faites!!
    BRAVO ...mais vous êtes qd même de grands malades!! Profitez des belles découvertes, grandement méritées chaque jour. On pense bien à vous...BisouSS

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  3. Bonjour les loulous,
    profiter bien de votre sacré expérience.
    Quand vous reviendrez on sera 3. Une Petite fille pour mi Novembre.
    Bisous.
    Cris et Auré

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  4. Salut vous 2, encore et toujours de belles histoires à nous raconter...
    C'est super, félicitations à vous et continuer à profiter de toutes ces rencontres, ces paysages et toutes ses aventures magnifiques.8000 kms !!
    Quand nous avons fait une dizaine de km à pied avec Jean Paul et Christiane ou Bernard et Jo pour nos randos, nous sommes déjà contents de nous, alors 8000 km, je n'arrive même pas à les imaginer.
    Et pourtant!!!
    Bravo à vous et profitez bien, pensons bien à vous bizzzzzzzz, bon voyage

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  5. Coucou les fous !!! Ouaou 8000 km avalés, c'est juste dingue, et inimaginable, je n'arrive pas à me rendre compte, pourtant c'est énorme, ça j'en suis sûr ;-) Toujours autant plaisant de vous lire et de voir toutes ces jolies photos! Et puis oui, va falloir songer à manger encore + de bonnes choses pour garder la patate pour la suite!
    Des bisous ensoleillés, et oui on a ENFIN un aperçu de l'été... Pfiou!

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  6. BRAVO! BRAVO!!! Audrey & Laurent pour vos 8000kms dans les mollets!!! Attention aux kilos quand meme...MANGEZ+! Qualite & pas trop de fourmis aux gros culs Ah!!!
    Et vous etes deja en vacances en Colombie, 3 semaines!!! Vous ne deviez pas renconter JP & Christiane en Aout en Colombie AH!!!...Ils devront voyager 1 peu plus bas sans doute? Fun!!!
    En tout cas ca l'air super sympa la Colombie aussi...le canyon, les renaults, les bisous d'Audrey....Amusez vous bien en tout cas a Bogota. & Bonne nuit sans la tente!
    Aventures formidables. Continuez!!!
    On adore les lire...
    A+ GROS bisous a vous 2 xox
    Tati Mimi

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  7. Bonsoir Audrey & Laurent,
    Ca fait plus d'1 mois qu'on n'a pas entendu parler de vous en velo...c'est les grandes vacances!
    Quand repartez vous? ou avez vous termine votre tour?
    Esperons lire plus bientot.
    GROS bisous en attendant & BON long repos!
    sur l'avion pour Fidji dans 3 heures de LA.

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